Se rencontrer soi-même Décembre 2008

Graziella Marion, psychologue dans des services de long séjour gériatrique depuis onze ans, fait le point sur sa perception de la démence, qui, selon elle, « semble avoir ce pouvoir de bousculer le sens du professionnalisme ». « Notre travail nous confronte à la fin de l’autre, à ce qu’il en fait, à ce qu’il refuse, à ce qu’il en change et décide de léguer. Alors, ne laissons pas cette dernière aventure perdre cette ultime humanité, et soyons là ». « Dans l’approche quotidienne de mon travail, j’ai appris à découvrir l’expression démentielle comme une autre manière d’être au monde, une autre sensibilité, une autre perception de ce qui entoure. Je suis régulièrement frappée par l’extra-sensibilité des personnes dites démentes et me dis souvent que nous avons à apprendre d’elles et de leurs perceptions. Apprendre ce que peut signifier ‘’faire confiance’’. On ne croit plus en eux, en ce qu’ils disent, en ce qu’ils font et finalement en ce qu’ils sont. N’est-ce pas terrible ? La personne âgée, si démente soit-elle, a besoin que l’on croie en ce qu’elle est devenue pour trouver la force de cheminer et trouver peut-être une dernière force de vie pour mourir ».
Documents CLEIRRPA , octobre 2008.