Sans boussole, dans un autre monde (2)

Yves Smague ajoute : « Après, j’ai été parachuté en pleine forêt amazonienne et sans boussole. C’est l’impression que j’ai eue. J’ai repéré qu’il y avait maison de retraite et maison de retraite : du privé (cher !), du privé à but non lucratif (intéressant !) et du public. J’ai appris qu’il faudrait attendre de deux à six mois pour trouver une place. J’ai compris que cela coûterait au moins deux à trois fois le montant mensuel de la retraite de ma mère ». « Votre maman n’a pas un bien à vendre, son appartement, par exemple ? », s’est étonnée une secrétaire d’accueil. « Ben non, pas d’appartement. Juste une petite retraite. J’ai découvert que des aides existaient mais que c’était un maquis. La prestation dépendance ? Elle sera demandée automatiquement dès que votre maman sera inscrite chez nous, m’a dit une maison de retraite. Il faut préparer le dossier dès maintenant, a assuré une assistante sociale. Mais il faut l’évaluation médicale établie par un médecin. Retour à la case départ. J’ai commencé à préparer des dossiers. Beaucoup de dossiers parce que, d’un EHPAD à l’autre, on ne demande jamais les mêmes documents. Et il y a plein de références. Depuis trois semaines, ma mère vit dans une maison de retraite temporaire. Elle ne s’y déplaît pas mais trouve le temps long. Sa maladie est incurable. Elle nous a fait basculer dans un autre monde ». 

www.lavoixdunord.fr, 18 février 2011.