« S’affranchir de la neuro-culture »

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Date de rédaction :
16 mai 2013

Pour les animateurs du blog du Mythe Alzheimer, « la position biomédicale dominante considère qu’il faut placer tous ses efforts sur le diagnostic et le traitement précoces, ainsi que sur l’application des outils de la neuroscience clinique, afin d’identifier les moyens de différer et, finalement, de guérir la “démence”. Cet espoir mis dans l’approche neuroscientifique s’inscrit parfaitement dans le contexte de la “neuro-culture ” qui gouverne ce début de 21ème siècle. Cette neuro-culture conduit à une réduction des comportements, des croyances, des compétences à leurs seuls déterminants biologiques. En outre, elle amène à penser qu’il faut traiter, gérer, protéger, stimuler ou accroître les capacités (cognitives) du cerveau, afin d’améliorer ou d’optimiser la condition humaine et ce, dans une sorte de “fétichisation” du cerveau. Cela correspond bien aux principes du néo-libéralisme, qui attribuent une valeur primordiale au rendement, à l’efficacité, à la compétition et à l’individu. Par ailleurs, dans cette neuro-culture, l’efficacité de la mémoire est considérée comme un facteur social indispensable (pour vivre dans une société “hyper-cognitive”) et les difficultés de mémoire sont donc logiquement perçues comme un indicateur du passage vers un “quatrième âge” fait de déclin et de dépendance, un état qui est l’antithèse de l’individu compétent et efficace que promeut cette culture. » Pour les auteurs, « il importe de s’affranchir de cette neuro-culture et de la médicalisation ou neurobiologisation du vieillissement qu’elle a induit. Il s’agit de prendre réellement en compte les facteurs sociaux, environnementaux et culturels impliqués dans la survenue des manifestations problématiques du vieillissement cérébral et cognitif, en considérant que ces manifestations sont aussi le signe des dysfonctionnements de notre société et de notre manière de vivre. De façon plus spécifique, des changements sont également observés dans la conceptualisation de la mémoire des événements personnels, qui permettent d’aborder les difficultés de mémoire associées au vieillissement cérébral/cognitif problématique dans une perspective moins réductrice et de ne pas restreindre l’oubli à sa dimension pathologique. »