Rôle de l’olfaction dans la nutrition chez la personne âgée (2)

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Date de rédaction :
16 mai 2013

La prévalence du déclin olfactif mesuré par des tests spécifiques (sensibilité olfactive, discrimination et identification) serait d’environ 25% en population générale chez le sujet sain. Les performances diminuent graduellement avec l’âge, la perte s’accélérant après soixante ans. Plus de 75% des personnes âgées de plus de quatre-vingts ans présentent des déficits majeurs de la fonction olfactive. Le vieillissement s’accompagne également de troubles de la perception gustative, mais avec une fréquence moins importante que pour les troubles olfactifs. Plusieurs causes anatomiques et physiologiques peuvent être à l’origine de la dégradation de l’odorat chez les personnes âgées : l’altération de la régénération cellulaire, qui réduit la surface de l’épithélium olfactif ; la perte cellulaire au niveau du bulbe olfactif ; la perte fonctionnelle de certaines zones cérébrales impliquées dans le traitement des odeurs (cortex piriforme, cortex orbito-frontal…). La perte olfactive peut avoir des conséquences non négligeables sur la santé et la qualité de vie, lorsque la personne ne peut plus percevoir l’odeur agréable d’une fleur, l’arôme du café, l’essence d’un parfum, leur odeur corporelle ou celle de leur partenaire. La perte de l’odorat peut également placer les personnes dans des situations à risque, lorsqu’il devient impossible de détecter des produits toxiques ou avariés, ou des agents d’alerte (fumée, gaz…). L’anosmie ou l’hyposmie [incapacité totale ou partielle à percevoir les odeurs] liées au vieillissement, en altérant le goût des aliments, affectent le plaisir de s’alimenter et les statuts nutritionnels, ce qui peut être une cause de malnutrition et de perte de poids. Dans certains cas, l’ensemble de ces troubles peut être à l’origine de changement d’humeur ou de dépression. Les personnes âgées ayant une perte olfactive ne le signalent pas toujours ou n’en n’ont pas conscience. L’évaluation clinique du goût et de l’odorat par des tests spécifiques est rarement effectuée. Résultat : la perte des fonctions olfactives liées à l’âge est probablement sous-estimée. Pour la nutrition, une façon simple de pallier l’hyposmie peut être de relever les plats avec différentes épices, puisque les sensations trigéminales sont encore perçues.

Journal du médecin coordonnateur, mars-avril 2013.