Robot phoque : un objet transitionnel
Innovation
En Nouvelle-Zélande, l’équipe du Pr Elizabeth Broadbent, ingénieur et psychologue, du département de psychologie clinique à l’Université d’Auckland, a mené un essai contrôlé et randomisé auprès de trente couples de personnes ayant un diagnostic de démence et leurs aidants, dans deux accueils de jour et à domicile, pour évaluer les effets affectifs, sociaux, comportementaux et physiologiques du robot-compagnon Paro (bébé phoque). L’intervention en accueil de jour consistait en des séances non structurées de trente minutes, deux à trois fois par semaine, pendant six semaines. Les participants disposaient du robot à domicile pendant les six semaines. Pour les effets physiologiques, les chercheurs ont mesuré la tension artérielle, le cortisol dans la salive et dans les cheveux (marqueur de stress). Par rapport au groupe témoin (sans intervention), les chercheurs observent que le robot phoque permet d’améliorer de façon significative les expressions faciales (affect : manifestions liées aux émotions) et la communication avec les professionnels (interaction sociale) en accueil de jour. La réponse diminue significativement avec la sévérité des troubles cognitifs. L’intervention n’a aucun effet sur les symptômes de la démence, et aucun effet physiologique (Liang A et al, 2017).
En France, Marie-Line Carrion-Martinaud, étudiante en master 2 de psychologie sociale, du travail et des organisations, et Marc-Éric Bobillier-Chaumon, professeur de psychologie du travail et psychologie ergonomique, à l’Université Lumière Lyon-2, observent que l’appropriation du robot-phoque par les soignants en maison de retraite permet un usage plus diversifié, plus fréquent et adapté aux besoins des résidents, notamment lors du départ de la famille, et qu’en présence du robot les échanges de regards entre résidents et soignants sont plus fréquents et les positions de face-à-face privilégiées, favorisant la communication non verbale du résident.
Liang A et al. A Pilot Randomized Trial of a Companion Robot for People With Dementia Living in the Community. J Am Med Dir Assoc 2017; 18(10): 871-878. 1er octobre 2017. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28668664. Carrion-Martinaud M et Bobillier-Chaumon M. Présence de robots dans les EHPAD. Mieux vivre la séparation familiale. Dialogue 2017 ; 217(3) : 45-56. www.cairn.info/revue-dialogue-2017-3-page-45.html.