Revue de presse décembre 2010
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
La quête de nourriture, le « manger pour vivre », a longtemps représenté pour l’homme la première de ses préoccupations. Au cours des siècles, le repas est devenu un moment de convivialité, d’échanges, de codes et de rituels sociaux dépassant le seul plaisir de la satiété. Mais qu’en est-il lorsqu’au fil de l’avancée en âge les relations s’étiolent ? s’interroge Elisabeth Rogez, cadre de santé du réseau Agekanonix à Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine). Comment redonner envie de manger et le goût des autres ? Mme B, âgée de quatre-vingt-cinq ans et qui vit seule chez elle, a finalement accepté d’ouvrir sa porte à l’infirmière du réseau ; cette première visite, autour d’un petit café, permettra d’en prendre un deux fois par semaine et de rouvrir progressivement le livre de cuisine pour évoquer recettes et plats d’antan. Un jour, elle a ouvert son placard de cuisine et a demandé à l’infirmière de préparer une pâte à crêpes pour « sentir le beurre à deux ». Cela a été le début d’une lente rééducation. Peu à peu, des menus respectant ses goûts lui ont été proposés. Sa gardienne vient désormais une fois par semaine partager un jus de fruit avec un gâteau sec pour le « quatre heures ». Après un an de suivi par le réseau, Mme B descend faire ses courses avec l’aide ménagère qu’elle a bien voulu accepter pour nouer un contact et « faire plaisir à son médecin ». Elle admet que faire la queue chez le poissonnier, ou ailleurs, la distrait.
Rogez E. Altération des relations sociales à domicile et inappétence. Soins Gérontologie 2010 ; 86 : 31-32. Novembre-décembre 2010.