Retraite et emploi : quelle solidarité entre les générations ?
Droit des personnes malades
Dans la comparaison internationale, la France se singularise par ses mauvaises performances en matière d’emploi tant des seniors que des jeunes. Une seule génération est au travail en France : les personnes âgées de vingt-cinq à cinquante-quatre ans (41% de la population) assurent 80% des emplois du pays, a rappelé la sociologue Anne-Marie Guillemard, professeur à l’Université Paris-Descartes Sorbonne lors d’une table ronde organisée par la revue de prospective Futuribles. Le taux d’emploi des seniors français s’est effondré depuis 1980. Seuls 17% des Français travaillent entre soixante et soixante-quatre ans. Le taux d’emploi des personnes âgées de moins de vingt-cinq ans est également l’un des plus bas d’Europe (31% en France en 2008, contre 46% en Suède ou 56% au Royaume-Uni en 2008). Un autre phénomène français est la « déconnexion problématique » entre l’âge de sortie du marché du travail et l’âge de liquidation de la retraite. En 2010, l’âge médian de sortie du marché du travail se situe à 58.9 ans et l’âge moyen de liquidation des droits à la retraite (CNAVTS) à 61.6 ans. 40% des Français qui font valoir leur droit à pension ne sont plus en activité. Et, depuis 2003 la réforme des retraites a fait reculer l’âge de liquidation des droits mais très peu l’âge de sortie du marché du travail. Ce phénomène est culturel, l’Europe continentale préférant une sortie précoce du marché du travail, l’Europe scandinave le droit au travail à tout âge. Pour Anne-Marie Guillemard, « la coopération entre les âges au travail est un enjeu majeur pour la compétitivité des entreprises et du pays. Refonder le pacte social entre les générations est un impératif de cohésion sociale qui exige d’en finir avec la segmentation par l’âge des dispositifs publics et d’entreprise ; de passer de la gestion par l’âge à la gestion de la diversité des âges, de nouveaux instruments de politiques sociales neutres sur le plan de l’âge et qui adoptent la perspective du cycle de vie, la notion de parcours devenant centrale ; de reconfigurer la protection sociale afin qu’au-delà de l’indemnisation du risque, elle investisse préventivement dans le développement du capital humain et des mobilités : la réforme des retraites ne suffit pas, les politiques actives de l’emploi sont cruciales ; d’inventer des formes plus flexibles, optionnelles et incitatives de sécurisation des trajectoires des individus ».
www.agevillagepro.com, 23 janvier 2012.