Repérer la démence pour réduire le recours aux urgences : les freins organisationnels
Recherche
Le Pr Yves Rolland, du pôle gériatrie du CHU de Toulouse, a mené une étude auprès de soixante-quatre établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) pour étudier l’effet d’un repérage systématique de la démence sur le recours aux urgences et aux hospitalisations évitables (étude Idem). Les premiers résultats sont contraires à ce qui était attendu : la proportion de résidents hospitalisés au moins une fois en un an est légèrement supérieure dans le groupe d’intervention (16%) que dans le groupe contrôle (12%). Pourtant, pour 90% des professionnels ayant participé aux travaux, le repérage systématique de la démence est une démarche pertinente. Le Pr Yves Rolland avance plusieurs hypothèses. Dans le cadre de l’étude, deux réunions de concertation pluridisciplinaires ont été menées à un mois et à onze mois après l’inclusion, pour diagnostiquer une potentielle démence des résidents. Cette focalisation sur les personnes âgées et sur leur dossier a pour conséquence de médicaliser le regard porté sur elles, ce qui peut expliquer un recours accru à l’hôpital. Une autre hypothèse est que l’organisation de réunions de concertation et le travail sur les patients « ne modifie pas profondément le travail en EHPAD », ajoute le Pr Rolland : d’un établissement à l’autre, le recours aux urgences est très variable, la culture organisationnelle également, et les différences constatées dans le cadre de l’étude « ne peuvent être expliquées par les caractéristiques mêmes des résidents ». Suivant cette logique, « une intervention centrée sur l’organisation de l’EHPAD plus que sur le résident pourrait être plus pertinente », conclut le gériatre.
Hospimédia, 14 décembre 2016.