Repérage : le rôle du médecin généraliste

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Date de rédaction :
11 février 2017

« Le diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer recouvre deux notions bien différentes, bien que parfois confondues (y compris par certains médecins) : le dépistage et le repérage », écrivent les Professeurs Pierre-Louis Druais, Jean-Yves Lereste et Laurent Letrilliart, du Collège de la médecine générale. « Le dépistage consiste à rechercher la maladie chez des patients qui n’ont aucune plainte. Le dépistage de la maladie d’Alzheimer n’est recommandé ni en France ni à l’étranger, pour des raisons éthiques liées à l’absence de test validé en médecine générale et de traitement ayant une balance bénéfices-risques favorable. Le repérage, qui est la démarche recommandée, consiste pour le médecin à évaluer les patients pour lesquels il existe une plainte de troubles de la mémoire de la part de celui-ci ou de son entourage, en réalisant une double évaluation: une expertise cognitive et une appréciation des activités de la vie quotidienne. Si la prévalence de la phase préclinique est inconnue et son évolution vers une démence encore mal identifiée, il est important d’expliquer le diagnostic aux phases de démence avec retentissement social. Annoncer en excès provoquera angoisses et difficultés alors que l’évolution n’est pas prévisible dans l’état actuel des connaissances. Annoncer en retard une démence avec retentissement social porte préjudice au patient et à son entourage et peut provoquer une perte de chance dans la prise en charge psycho sociale de la maladie. Cette prise en charge pourrait être efficace pour limiter l’évolution, même si cette information est parfois secondairement contredite. Ainsi, quand à la demande du patient ou des proches, une évaluation conduit à suspecter un syndrome démentiel, des examens complémentaires (cliniques, biologiques et d’imagerie) seront réalisés pour éliminer un diagnostic différentiel comme une dépression, une hypothyroïdie, une tumeur cérébrale… En l’absence de cause identifiée, le patient sera habituellement adressé dans un centre mémoire », où il bénéficiera d’une évaluation neuropsychologique approfondie. Cependant, même dans ces centres spécialisés, diagnostiquer la cause d’un syndrome démentiel est difficile et probabiliste, ce qui explique de fréquents diagnostics de maladie d’Alzheimer par excès (supérieurs à 17%). À l’inverse, il existe de nombreux cas de maladie d’Alzheimer asymptomatiques chez les patients âgés. »

Druais PL et al. Quel rôle du médecin généraliste face à la maladie d’Alzheimer ? Journal international de médecine, 4 février 2017. www.jim.fr/e-docs/quel_role_du_medecin_generaliste_face_a_la_maladie_dalzheimer__163576/document_edito.phtml(texte intégral).