Rendre aux personnes malades leur place dans la cité (2)
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Pierre Bienvault, de La Croix, témoigne : « l’ambiance est plutôt calme à la Marmite Sénégauloise. C’est dans ce café-restaurant du centre de Rennes que se réunit tous les mercredis après-midi l’association du Bistrot mémoire. Chacun peut venir et repartir quand il le veut. Il suffit de pousser la porte du café et de s’asseoir avec les autres. Même sans rien dire, juste pour écouter ». « C’est une assemblée pleine de sourires, de complicités et de paroles bienveillantes. Mais il suffit de gratter un peu pour, très vite, découvrir un océan de détresse ». Agnès déclare ainsi : « Je ne sais plus quoi faire avec mon mari. Aujourd’hui, il ne parle plus, il ne mange plus tout seul. Pour la toilette, j’ai des personnes qui viennent m’aider. Mais pour le reste, je gère tout toute seule. Et parfois, je craque. Je m’énerve, je crie, je m’en vais prendre l’air. Puis je reviens, évidemment. » Le journaliste souligne que « de table en table, ce sont les mêmes récits qui reviennent. Les mêmes paroles de désarroi face à cette maladie qui emporte tout sur son passage. La vie d’avant, les souvenirs communs, la complicité de tant d’années. Mais tous ces proches le disent, Alzheimer, c’est aussi tout le reste. La dépression et les idées noires de l’être aimé, d’un seul coup devenu si différent. La mauvaise humeur et les colères pour des broutilles. Cette agressivité si difficile à canaliser ».
La Croix, Actualités Mediscoop, 20 septembre 2016.