Relation d’aide et fragilité
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Eva de Peretti, assistant des Hôpitaux, et Hélène Villars, praticienne hospitalière à l’hôpital de jour du CHU de Toulouse, soulignent que la relation d’aide dans la maladie d’Alzheimer peut augmenter pour l’aidant âgé le risque d’entrée dans le syndrome de fragilité. Le stress chronique engendré par la maladie peut conduire à l’épuisement physique et émotionnel, face auquel les réserves physiologiques du sujet vieillissant peuvent être insuffisantes. « Il s’agit d’une vulnérabilité que le concept de fragilité pourrait permettre d’appréhender ». De quoi parle-t-on ? Selon la Société française de gériatrie et de gérontologie, le concept de fragilité gériatrique, tel qu’il existe depuis de nombreuses années en tant que « syndrome gériatrique », se définit comme « un état dynamique limitant les capacités d’adaptation au stress qui résulte d’une réduction multi-systématique des aptitudes physiologiques du sujet. » Son expression clinique est modulée par les comorbidités et des facteurs psychologiques, sociaux, économiques et comportementaux. La définition de la fragilité faisant référence a été proposée par Linda Fried et ses collègues de l’hôpital Johns Hopkins de Baltimore (Maryland, Etats-Unis) en 2001. Le phénotype de fragilité associe cinq critères : la sédentarité, une perte de poids récente, une fatigabilité, une baisse de la force musculaire et une lenteur à la marche. Un sujet est dit « fragile » s’il présente au moins trois de ces cinq critères, « pré-fragile » s’il en présente un à deux. Avec ces critères, environ 9.6% des personnes âgées de plus de soixante-cinq ans seraient fragiles, la prévalence augmentant considérablement après l’âge de quatre-vingts ans. Cet état peut évoluer vers une rupture de l’état d’équilibre et entraîner des complications : déclin fonctionnel, chutes, hospitalisations, entrée en établissement et décès. Pour les auteurs, la fragilisation émotionnelle est sous-estimée dans les définitions actuelles de la fragilité : selon eux, il faudrait étendre le concept à des éléments psychoaffectifs et sociaux.
De Peretti E et Villars H. Maladie d’Alzheimer : relation d’aide et fragilité. Soins Gérontol 2015 ; 115 : 18-20. Septembre-octobre 2015. www.em-consulte.com/article/1001309/article/les-aidants-%E2%80%9Cfamiliers%E2%80%9D-et-leur-soutien-a-domicile.