Refus de soin : l’agressivité est une réaction de défense

Société inclusive

Date de rédaction :
22 août 2015

« Le refus de soin ne se rencontre pas au début de la pathologie, tant que le patient n’a pas besoin d‘aide pour faire sa toilette, tant qu’il suffit de lui indiquer le lieu, de lui préparer les serviettes, de régler la température de l’eau », écrit Colette Roumanoff. « Ce refus de soin est choquant si on n’en comprend pas les raisons : “on veut l’aider à faire sa toilette et lui se fâche : la maladie l’a rendu méchant et stupide, il ne se rend pas compte que c’est pour son bien !” Quand la pathologie est avancée, le corps et les vêtements deviennent un territoire sacré dont il faut approcher avec précaution, la toilette devient un rituel. Il y a un ordre à respecter, c’est un opéra avec son ouverture ses trois actes et son final, certainement pas un processus mécanique et expéditif. Si on s’introduit sans permission dans ce territoire sacré et de plus sans respecter le moment précis où un vague désir de se laver surgit, on risque un châtiment radical, une démonstration d’agressivité effrayante, qui a pour but faire disparaître ce qui est vécu comme une menace d’anéantissement. Cette réaction de défense prend tout le corps, fait dresser les cheveux, sortir les yeux de leurs orbites, lever les poings fermés. Le malade ressemble au lion qui rugit, à un rhinocéros prêt à charger. Le corps médical a baptisé cette réaction “agressivité” et décrété que cela était un symptôme de la maladie d’Alzheimer. C’est pourquoi les médecins généralistes, les gériatres et même les neurologues pensent “Alzheimer = agressivité = troubles du comportement = neuroleptiques” pour contrôler ou prévenir cette agressivité par définition “incontrôlable”. L’ambiguïté, soi-disant involontaire, du terme de “démence”, si utilisé dans la littérature médicale, prend toute sa signification, les soignants comme le public pensent que les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer sont déments au sens ordinaire du mot. » Pour Colette Roumanoff, comprendre l’origine de ces réactions de défense permet de considérer le refus de soins comme « une expérience banale ».