Réforme de la perte d’autonomie : quelle politique ? (2)

Droit des personnes malades

Date de rédaction :
01 octobre 2012

Serge Guérin, sociologue et professeur à l’École supérieure de gestion, écrit : « En termes de géographie sociale, la carte de la France populaire et celle de la France des retraités populaires sont remarquablement identiques, avec l’éloignement des grandes villes et l’installation dans des lotissements séparés du cœur des villages et des petites villes. D’ailleurs, ils vivent bien séparés des retraités issus des catégories plus privilégiées. Ils sont particulièrement sous-représentés en région parisienne et en Provence-Alpes-Côte d’Azur, et sur les littoraux où se concentrent au contraire les retraités aisés. Avec leurs revenus modestes, les retraités populaires se retrouvent souvent à soutenir leurs cadets. Parfois sur trois générations, ils sont les seuls à avoir un revenu régulier. Pour répondre à la fragilisation croissante des retraités populaires, les territoires sont en première ligne. Les départements et les villes assument déjà une large part de l’aide sociale pour les plus âgés et pour les plus fragiles. Et souvent, leurs ressources sont inversement proportionnelles aux besoins des populations, car les retraités populaires sont situés en large partie sur des territoires à faible attractivité pour les entreprises ». Pour le sociologue, « la future réforme de la décentralisation devra prendre en compte cette réalité autant sociale, culturelle que spatiale et développer une approche reposant sur des démarches territorialisées d’accompagnement adaptées aux conditions réelles de vie des personnes. Certes, elles auront à s’appuyer largement sur l’action de services publics. Il faudra impérativement les mutualiser, adapter les conditions d’accès et jouer sur des systèmes plus souples et plus mobiles. Surtout, une politique d’accompagnement accordée aux territoires repose sur la délégation d’action et de moyens aux acteurs de l’économie sociale qui sont souvent plus réactifs, plus légitimes et moins coûteux », et « l’intégration d’une réforme de la perte d’autonomie prioritairement centrée sur une véritable politique de prévention. Elle doit être menée au niveau des territoires et prendre en compte les modes de vie et les capacités des personnes. De la même façon, le soutien aux aidants, bénévoles et professionnels, est un impératif absolu. Il est facteur de création d’emplois non délocalisables ».

www.senioractu.com, 20 septembre 2012.