Ré-ancrer un processus en lien avec l'histoire de vie
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La méthode Montessori, à l’origine destinée aux enfants, a été adaptée aux personnes souffrant de maladie d’Alzheimer ou de maladies apparentées par le neurologue américain Cameron Camp. Le groupe américain Hearthstone rassemble sept maisons de retraite. Des chercheurs de tous horizons gèrent les résidences, inspirent des activités aux soignants, et développent des stratégies visant à améliorer les troubles du comportement. Cindy Barotte, directrice de Hearthstone France, explique que les personnes malades doivent pouvoir se concentrer sur l’essentiel. Le loto, par exemple, se joue avec des chiffres sur une tablette, le joueur devant superposer un jeton sur la case où figure le numéro annoncé. Mais le chiffre n’a aucune valeur émotionnelle chez une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, il ne signifie rien. On remplace donc les chiffres par des mots qui complètent des proverbes, par exemple « qui vole un oeuf vole un… » : il s’agit de mettre le jeton sur le mot « boeuf ». Pour mobiliser entièrement le joueur sur la suite du jeu, il faut faire disparaître le mot, avec un cache, qui permettra à la personne de passer à l’étape suivante sans être distraite ou induite en erreur par la précédente. La répétition de ce jeu favorisera la participation de la personne. Dans la vie quotidienne, c’est la répétition des gestes qui va permettre de rendre la personne plus compétente et de réapprendre, en faisant appel à la mémoire procédurale des habiletés motrices. Lors des soins, des repas, ré-ancrer un processus en lien avec l’histoire de vie de la personne malade rassure et apaise les troubles du comportement. Pour les soignants, une personne malade avec qui on aura pris le temps de réapprendre des gestes, de dialoguer, de stimuler, sera à terme une personne plus autonome et que l’on n’aura plus à « surveiller » autant qu’auparavant.
Décideur(s), août-septembre 2009.