Rapport Sicard : les réactions (3)
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Le Figaro titre : « Le rapport Sicard sur la fin de vie s’oppose à l’euthanasie », un mot, avec son humaine compassion comme ses possibles dérives », que « les médecins et les politiques répugnent à prononcer ». Pour Jean Leonetti, député des Alpes-Maritimes, le rapport Sicard défend très largement la loi actuelle sur la fin de vie et s’oppose sans ambiguïté à l’euthanasie ». Dans un entretien avec Agnès Leclair, du Figaro, il explique les modalités du suicide assisté tel qu’il est pratiqué dans l’État américain de l’Oregon depuis une quinzaine d’années : « la personne reçoit une ordonnance pour un produit létal dans des conditions précises. Il faut notamment qu’elle soit dans les six derniers mois de sa vie, qu’elle passe devant un comité médical qui définit sa lucidité et vérifie sa volonté. La personne malade garde le produit chez elle et l’utilise quand elle veut ou ne l’utilise pas ». Jean Leonetti est réticent à cette pratique, même s’il reconnaît « que c’est la moins pire des législations sur l’accélération de la mort en vigueur dans le monde. Mais elle a au moins le mérite de dissocier l’acte médical d’accompagnement de l’acte de donner la mort. C’est le malade qui se donne la mort, pas le médecin qui achève le mourant ». De plus, pour Jean Leonetti, « la notion d’intention en matière de droit et de morale est primordiale. Il y a une très grande différence entre soulager – quitte à accélérer la mort – et donner la mort (…) Les lois de 1999, de 2002 sur les soins palliatifs et de 2005 sur les droits des malades en fin de vie, votées à l’unanimité à l’issue de la mission parlementaire dont j’ai été chargé, prônent le nonacharnement, le nonabandon et la nonsouffrance, et affirment qu’en fin de vie la qualité de la vie prime sur la durée de la vie. Appliquons donc ces trois lois plutôt que d’en faire de nouvelles. Je suis résolument contre l’euthanasie pour en avoir observé la pratique en Belgique et aux PaysBas. De transgression encadrée en nouvelles transgressions, on évolue vite sur une « pente glissante ». Les Belges ont proposé à plus de vingt reprises un élargissement des critères : Pourquoi pas les enfants ? Pourquoi pas les malades mentaux ?… Dépénaliser l’euthanasie, c’est donner trop de pouvoirs aux médecins. Certains pensent que si on légalisait l’euthanasie en France, cela mettrait fin aux pratiques clandestines, qui sont évaluées à 0,6 % selon l’Observatoire national de la fin de vie. En fait, lorsqu’il y a dépénalisation, les dérives augmentent : on compte trois fois plus de morts données sans la demande du malade en Belgique qu’en France. Tout se passe comme si la transgression de l’interdit appelait inévitablement d’autres transgressions ». Pour Jean Leonetti, « l’euthanasie, quelle que soit la façon dont on la nomme, n’est pas considérée comme un progrès dans la plupart des pays démocratiques ».
Le Figaro, AFP, Libération, 18 décembre 2012. Le Figaro Magazine, 4 janvier 2013. http://prg94.org/WordPress3/wp-content/uploads/2013/01/MAG1680_083.pdf(texte intégral). Actualités sociales hebdomadaires, 11 janvier 2013.