Qui va accueillir les malades mentaux vieillissants ?
Droit des personnes malades
À l’Assemblée nationale, la mission d’information sur la santé mentale et l’avenir de la psychiatrie, présidée par le député de l’Isère Jean-Pierre Barbier (UMP), avec pour rapporteur le député du Loir-et-Cher Denys Robiliard (groupe socialiste, républicain et citoyen), ouvre son champ d’enquête en commençant par se pencher sur les personnes âgées psychotiques. Pour les représentants d’associations de directeurs, leur prise en charge dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées et dépendantes (EHPAD) se révèle en effet « un véritable défi. » Les EHPAD sont-ils des lieux de privation de liberté, comme l’affirme Jean-Marie Delarue, le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) ? Les directeurs d’établissements sont unanimement opposés à des contrôles supplémentaires. « Les questions que se pose Monsieur Delarue, nous nous les posons depuis des années », déclare Romain Gizolme, chargé de mission à l’association des directeurs auprès des personnes âgées (AD-PA). « Nous sommes déjà contrôlés systématiquement tous les quatre ans lors de nos demandes d’agrément, et dès qu’il y a une plainte ou que nous faisons un signalement », témoigne Marie-Hélène Angelloz-Nicoud, présidente de la conférence nationale des directeurs d’EHPAD (CNDEHPA). Sans renier l’intérêt du regard extérieur éthique du CGLPL, Olivier Quenette, directeur de l’EHPAD Saint-Jean-de-Dieu, à Marseille, est réticent sur la multiplication de contrôles chronophages. « Les pathologies mentales ne sont pas reconnues en EHPAD, les modèles de cotation via la grille Pathos ne sont pas adaptés », regrette Mme Angelloz-Nicoud. « Par exemple, une dépression n’est reconnue que s’il y a un traitement chimique. Cela nous interroge sur l’intérêt qu’on porte aux personnes âgées », ajoute-t-elle. Dans l’EHPAD Saint-Jean-de-Dieu, il a dû y avoir négociation pour classer toutes les personnes âgées souffrant de troubles psychiatriques en GIR 2 (groupe iso-ressources 2, personnes très dépendantes) afin d’avoir les fonds nécessaires, explique Coline Garré, du Quotidien du médecin. Les directeurs demandent davantage de personnels pour mettre en place des équipes aux approches spécifiques, selon le type de pathologies, et le développement des réseaux. In fine, ils recherchent la reconnaissance de la légitimité du médico-social à assumer des résidents souffrant de troubles psychiatriques, de plus en plus nombreux dans leurs structures.
Le Quotidien du médecin, 3 octobre 2013. Assemblée nationale, commission du 3 octobre 2013. http://videos.assemblee-nationale.fr/video.4683.sante-mentale–divers-3-octobre-2013.