Qui soigne les soignants ?

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
01 avril 2009

« Les soignants des maisons de retraite sont confrontés à des situations médicales et sociales parfois difficiles et se sentent moralement impliqués par la responsabilité de personnes dépendantes », selon le Dr Madeleine Estryn-Behar, praticien hospitalier en médecine du travail à l’Hôtel-Dieu de Paris. « Mais cette obligation morale de bien faire avec des moyens limités est alors épuisante ». L’enquête européenne Presst-Next sur la santé et la satisfaction des soignants au travail avance un autre problème propre aux personnels des maisons de retraite, les plus confrontés aux horaires coupés, au recrutement à temps partiel non souhaité et aux changements d’horaires décidés au dernier moment. Pour Anne Steck, cadre infirmier au CHRU de Strasbourg, il est important de « soigner les soignants ». Pour le Dr Jean-Claude Montfort, responsable d’un dispositif d’appui pour personnes âgées difficiles au Centre hospitalier Sainte-Anne de Paris, le professionnel de santé est écartelé entre cinq facteurs qui lui font violence : la maladie et la mort, les familles agressives, l’écart croissant entre les textes réglementaires et la pratique sur le terrain, l’environnement professionnel, et sa propre famille. L’interaction de ces violences contribue à la souffrance globale du soignant. L’accueil et les débuts des nouveaux soignants sont des points faibles du système. Madeleine Estryn-Behar propose de mettre en place un management intergénérationnel, sorte de tutorat où les plus jeunes sont encadrés par les plus expérimentés, et s’occupent d’un tiers de patients en moins. L’expérience des anciens est valorisée et les nouvelles recrues rassurées.

Promouvoir en Europe santé et satisfaction des soignants au travail. Presses de l’EHESP, 2008. www.presst-next.fr.