« Qui cache-t-on derrière le mot aidant ? »

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
12 mai 2016

Muriel Gaillard, consultante-formatrice et diplômée en éthologie [science du comportement individuel et social], s’interroge sur le site de la MACIF www.aveclesaidants.fr : « Qui cache-t-on derrière le mot aidant ? Qui vit réellement derrière ce terme d’aidant ? “L’aidant” est-il un concept universel ?  Certainement pas. Parler de l’aidant, c’est parler des aidants. Il existe autant de réalités d’aidants qu’il existe d’aidants. De plus, le terme masculin d’aidant ne reflète pas la grande majorité des aidantes. » Pour Muriel Gaillard, « ce terme d’”aidant” semble imposer de fait que l’aidant est nécessairement et continuellement en capacité d’apporter de l’aide. Il n’en est rien. Quel être humain pourrait se prévaloir d’une telle “solidité” ? Tout comme un diamant, l’humain a différentes facettes. Être aidant est une de ces facettes. L’importance de la place de l’aidant et de son rôle au quotidien auprès de l’aidé peut amplifier cette facette au détriment des autres. Réaliser que l’aidant est aussi, et avant tout, une personne à part entière, qui est un être de liens et de relations, c’est le considérer dans son “intégralité”. » Conjoint, enfant, ami, « l’aidant est porteur de cette place affective et potentiellement riche de cette affectivité partagée avec l’aidé. Cette facette émotionnelle pouvant parfois être douloureuse à gérer, à vivre, à accepter, elle peut devenir difficile à assumer. Réduire et atténuer cette facette éminemment sensible de l’”être” revient à adopter une stratégie inconsciente pour se protéger, mais augmente de fait une autre facette, celle du “faire”, du rationnel, du mental, du devoir, du contrôle, de l’efficacité. De fait, l’aidant est un équilibriste qui oscille en permanence entre l’émotionnel et le rationnel. Confiant et angoissé, patient et irascible, soumis et dirigiste, attentif et autocentré, conciliant et rigide, heureux et triste, présent et absent, aimant, et aimant encore. Vivre au contact de l’aidé, le soutenir, l’accompagner, l’encourager place l’aidant et l’aidé dans une relation authentique. L’aidé dévoilant une grande partie de sa vulnérabilité, l’ampleur de sa fragilité, incite l’aidant à “baisser les masques” et invite à un échange “vrai” ». L’aidant, plus que quiconque, peut approcher au plus près de son identité, découvrir sa complexité, sa cohérence et son incohérence, sa force et ses failles, le meilleur et le pire qu’il porte en lui, et décider jour après jour à quelle partie de lui il donne le pouvoir d’agir. Par cette exigence que la vie lui offre au quotidien, l’aidant est un puissant vecteur d’humanité au cœur de notre société, bien que souvent invisible, bien que souvent silencieux. Alors, il appartient à chacun d’entre nous d’aller à la rencontre de ces millions d’aidants qui nous entourent familialement, amicalement, socialement, ne serait-ce que de temps à autre, par la pensée, par le cœur, par une action et par gratitude. »