Qu’aurait dit Freud de la maladie d’Alzheimer ? (2)
Recherche
Qu’aurait dit le Dr Freud ? Interprétant des discours de personnes malades qui attribuent à telle ou telle cause l’origine de leurs oublis et trous de mémoire, la psychanalyste soutient l’hypothèse suivante : « la maladie d’Alzheimer s’apparenterait à une problématique d’agir de la perte. Celle-ci entraînerait la mise en actes, dans le réel du corps, de pertes remplissant une fonction de leurre symbolique face à une perte narcissique inaugurale, refusée psychiquement par le sujet. Comme si l’injonction organique de « perdre », à laquelle se retrouve soumis le corps du sujet, dès l’apparition de la maladie d’Alzheimer, n’avait pour fonction principale que de maquiller la perte réellement subie d’un objet narcissique indispensable. Cette perte inaugurale, devenue l’objet d’un puissant déni de la part du sujet, se serait donc constituée peu à peu en une zone aveugle de sa psyché, dans la mesure où le sujet, qui n’a jamais reconnu la réalité de cette perte, n’a jamais pu engager le travail de deuil corrélatif, lui permettant de se détacher de cet objet ». « Face au conflit psychique à l’œuvre dans la maladie d’Alzheimer et à l’échec du recours aux mécanismes de défenses secondaires, tels que le refoulement après-coup, le sujet emploierait des mécanismes de défense plus primitifs parmi lesquels le refoulement originaire. Ce qui témoignerait, au plan psychique, de la régression et de la fixation à cette perte, qui reste enkystée dans son Moi ».
Pierron-Robinet G. Pour une approche intégrative de la maladie d’Alzheimer. Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 2012 ; 10(1) : 73-81.