Psychomotricien : la lecture du corps

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
29 mai 2014

Aude Dagonneau, psychomotricienne, explique l’approche du corps de la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer : « il s’agit de réaliser un croisement entre les dimensions motrices, sensorielles, toniques (contraction des muscles), les attitudes émotionnelles. » Le tonus est affecté par la fonte musculaire, la « carapace tonique » (« enveloppe protectrice après la peau »), la perméabilité à l’ambiance et aux ressentis. La sensorialité est affectée par la lenteur du traitement des sensations, la réduction des informations ressenties (perte d’efficacité des récepteurs et des compensations), les troubles de la reconnaissance des sensations (faim, soif, froid, douleur, envie d’uriner). Le psychisme est affecté par de nombreuses pertes : les cheveux blancs, les décès, la retraite, la perte des repères, l’anxiété et le risque de dépression. Le schéma corporel et l’image du corps peuvent être affectés par les difficultés à nommer et localiser les parties du corps, donc à les mobiliser volontairement ; des sentiments d’étrangeté du corps peuvent apparaître, voire l’oubli d’une partie de son corps (hémi-négligence). La motricité est affectée par la perte de fluidité et de l’aisance dans les mouvements, par la lenteur idéomotrice (entre la commande et le mouvement), par des gestes mal organisés (dyspraxie, apraxie). La désorganisation spatiale et temporelle est amplifiée par les troubles des fonctions exécutives, le décalage dans les réalités de la personne et de son entourage, avec un risque de troubles du comportement. « Il s’agit de penser la personne dans sa globalité pour poser des hypothèses sur les problèmes d’accompagnement rencontrés » et y répondre au mieux, explique la psychomotricienne.

Doc’Alzheimer, avril-juin 2014.