Psaumes balbutiés. Livre d'heures de ma mère, d’Edwin Mortier

Société inclusive

Date de rédaction :
16 mai 2013

« Je m’imagine les entendre, les ravages silencieux qui se propagent dans ce corps : des cordes qui sautent, des fils qui cassent, des câbles qui craquent en chantant – le doux gémissement de poutres qui s’affaissent. Ma mère, une maison qui s’écroule lentement, un pont qui danse sous l’effet d’une secousse sismique. » En une succession de fragments somptueux, Erwin Mortier décrit le processus de dégénérescence de sa mère. Pour celle qui était douée d’une grande sensibilité musicale, il compose des psaumes « balbutiés » qui disent la douleur de voir un être tant aimé perdre lentement son esprit. Adieu vibrant à la mère, ce texte poétique évoque aussi la langue, l’écriture et le métier d’écrivain. « Un superbe poème qui parle de l’essentiel de notre vie, de la stupéfaction d’être là », écrit Guy Duplat, de la Libre Belgique. « Ce sont des fragments d’histoires, des souvenirs racontés dans une langue superbe, des poèmes balbutiés. Comme des éclairs dans la nuit qui s’annonce pour la mère de Mortier. Et face à cette “scandaleuse” déchéance, il ne reste que l’amour. Et la stupéfaction devant le monde qui continue : avec ses musiques, ses paysages, ses couleurs, sa lumière. Dès le début, tout est dit : “Ma mère m’a fait les poussières aujourd’hui. Elle me prenait sans doute pour un meuble. Une commode ou un vieux fourneau. Elle a passé un chiffon jaune vif sur les boutons de ma chemise, en remontant vers mon cou, a astiqué mes oreilles, épousseté mon menton. Puis elle m’a fait signe d’ouvrir la bouche – elle a fourré le chiffon et nous a oubliés”. »

Mortier E. Psaumes balbutiés. Livre d’heures de ma mère. Paris : Fayard. 10 avril 2013. 192 p. ISBN : 978-2-21-367125-3. Traduit du néerlandais par M. Hooghe. www.fayard.fr/livre/fayard-459614-Psaumes-balbuties-Livre-d-heures-de-ma-mere-hachette.html.