Protéine tau et troubles métaboliques : au cœur de la relation entre insuline et mémoire

Recherche

Date de rédaction :
01 août 2017

« La protéine tau (tubulin-associated unit) a surtout été décrite comme une protéine jouant un rôle dans la structure des neurones et le maintien de leurs réseaux de transport interne. Mais cette protéine dévoile progressivement d’autres propriétés », rappelle l’INSERM. David Blum et Luc Buée, directeurs de recherche au Centre de recherche Jean Pierre Aubert à Lille, consacrent leur travail à l’étude de la maladie d’Alzheimer et des autres pathologies neurodégénératives associées à la protéine tau, appelées tauopathies. En collaboration avec d’autres équipes INSERM et des chercheurs des universités de Louvain (Belgique) et de Göttingen (Allemagne), ils viennent de décrire l’impact direct de la protéine tau sur la sensibilité du tissu cérébral à l’insuline. « Le mécanisme que nous avons décrit permet d’apporter un nouvel éclairage sur les manifestations de la maladie d’Alzheimer et d’envisager un nouvel angle d’attaque pour limiter les troubles cognitifs et la démence propres à la maladie », déclarent-ils. « Dans des modèles animaux n’exprimant pas tau, la réponse à l’insuline est réduite et la plasticité cérébrale, indispensable à la qualité de la mémoire, est diminuée. Certains travaux sur les tauopathies ont décrit une résistance du tissu cérébral à l’insuline. Or, au-delà de sa fonction bien connue sur la régulation glucidique en périphérie, l’insuline est également indispensable à la plasticité dans le cerveau. Il était donc intéressant de comprendre précisément les mécanismes. » « L’hippocampe, qui joue un rôle important dans la mémoire, est largement touché dans la maladie d’Alzheimer. Nous avons montré que cette région cérébrale présente une réponse anormale à l’insuline chez la souris déficiente en tau. De plus, nos travaux ont permis de montrer que l’hypothalamus pouvait aussi être affecté : celui-ci permet normalement d’envoyer un signal anorexigène (suppresseur de l’appétit) lorsqu’il est stimulé par l’insuline. L’absence de protéine tau le rendrait insensible à l’effet de cette hormone, augmentant la prise alimentaire et les troubles de l’homéostasie glucidique en périphérie [maintien de la concentration des sucres dans l’organisme en dehors du cerveau]. » Ces deux phénomènes semblent éclairer certaines observations cliniques : « les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer présentent une résistance de leur cerveau à l’insuline et, souvent, des troubles de l’homéostasie du glucose en périphérie ». Alors que de nombreuses études se sont intéressées au lien entre métabolisme et le risque de développer la maladie d’Alzheimer, cette étude permet de mieux comprendre un lien mutuel et mal connu entre maladie d’Alzheimer et troubles métaboliques, souligne l’INSERM.