Prise de décision : la cognition de la personne malade étendue à son environnement social
Échos d'ailleurs
Pour Osamu Muramoto, du centre d’éthique de l’Université des sciences et de la santé de l’Oregon (OHSU) à Portland, il existe deux visions contrastées de la prise de décision concernant les traitements visant à prolonger la vie au stade avancé de la démence, lorsque le patient est considéré incompétent. La première attitude consiste à respecter l’autonomie antérieure du patient en adhérant à des directives anticipées ou en utilisant comme référence un avis de substitution (substituted judgement standard). La seconde attitude est d’utiliser la référence aux meilleurs intérêts, particulièrement lorsque l’avis actuel (current judgement) contredit les instructions fondées sur l’autonomie antérieure du patient. Le caractère progressif de la démence, qui s’étend sur de nombreuses années, impose une approche progressive de la prise de décision, dans l’espace comme dans le temps, avance Osamu Muramoto. Le débat continuel entre les deux visions concurrentes a oublié cette perspective, en considérant que le soi auparavant compétent (competent former self) et le soi actuellement incompétent (incompetent current self) sont exclusifs et disjoints. S’appuyant sur les théories de la cognition en situation, il estime que la cognition d’une personne atteinte de démence peut s’étendre à son environnement social de soutien, qui devient en quelque sorte une extension de l’esprit (mind) de la personne malade. Avec cette approche, soutient l’auteur, la décision médicale pour une personne malade peut s’interpréter comme une pratique étendue temporelle et sociale, avec un groupe de décision collective (le patient, sa famille, ses représentants et le clinicien) prenant des décisions progressives au cours de l’évolution de la maladie.
Muramoto O. Socially and temporally extended end-of-life decision-making process for dementia patients. J Med Ethics, 2 février 2011.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21292697.