Prévention et maintien à domicile
Société inclusive
Une douzaine de personnes, âgées de soixante-quatorze à soixante-dix-huit ans, font cercle autour d’Anaïs Monray, animatrice. Faire tourner les épaules, se lever, se rasseoir en restant droit. Renforcer ses muscles, travailler son équilibre, exercer sa souplesse. Selon l’animatrice, le gain d’une pratique régulière se compte en « années d’autonomie gagnées ». L’une des participantes, déclare : la maison de retraite, « c’est le couloir de la fin, quand on y est, on n’a plus d’espoir ». Une autre : « ce qui me fait le plus peur c’est la perte de mémoire. Et les couches culottes ! Quand ça arrivera, peut-être que je me laisserai partir. » Une troisième : « ça, c’est plus facile à dire qu’à faire ! ». Dans l’après-midi, il y aura un atelier de stimulation cognitive. « On a un emploi du temps de ministre ! », dit l’une des participantes. Le Conseil général de l’Isère teste un Autonom@dom, un « bouquet de services » s’appuyant sur « une plate-forme téléphonique accessible sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre, qui offrira des informations sur les activités de prévention et les solutions technologiques pour le maintien à domicile, orientera vers les bons acteurs pour les services d’aide et les droits sociaux, suivra à distance les populations les plus vulnérables. » Un appel à projets a été lancé par le conseil général, afin qu’une entreprise démontre la faisabilité et l’intérêt du dispositif dans quatre territoires d’expérimentation du département pendant deux ans. « Rester à la maison le plus longtemps possible, c’est ce que chacun souhaite, pour soi ou pour ses parents », affirme Eric Rumeau, directeur de la santé et de l’autonomie au conseil général. « On ne peut pas faire autrement que d’avoir cette ambition. » En cas de souci, c’est vers l’hôpital que les personnes âgées se tournent, souvent en catastrophe. Elles y restent par défaut : la moitié des admissions dans les services de suite et de réadaptation après une hospitalisation s’y font, faute de réponse adaptée à domicile. Le surcoût pour l’assurance-maladie est de 2 milliards d’euros par an. « Si on ne change rien, le système va exploser », résume Véronique Chirié, directrice du technopôle Alpes, santé à domicile et autonomie.
Le Monde, 4 juin 2014.