Prévention : agir sur les facteurs de risque modifiables
Échos d'ailleurs
Les études sur l’impact comparé des facteurs de risque de démence sont rares. Karen Ritchie et ses collègues, de l’équipe d’épidémiologie Inserm U888 de Montpellier et de l’Université Montpellier 1, ont développé un modèle statistique pour estimer la réduction du risque incident de démence et de déficit cognitif léger (nombre de nouveaux cas) si des facteurs de risque spécifiques étaient éliminés. Le modèle s’appuie sur les données de l’étude de cohorte neuropsychiatrique ESPRIT (mille quatre cents personnes âgées de soixante-cinq ans et plus en population générale). Les facteurs de risque ayant le plus d’impact sur la réduction de l’incidence de la démence sont l’ « intelligence cristallisée » (score inférieur à 20 au test de lecture de Neale, utilisé comme mesure du quotient intellectuel fondée sur le degré d’exposition et l’intégration d’une information spécifique à la culture, qui n’est généralement pas modifiée dans les premiers stades de la démence), associée à un risque attribuable de 18.1% en population générale, le diabète (4.9%), la dépression (10.3%), une faible consommation (moins de deux fois par jour) de fruits et légumes (6.5%), et la présence de la forme epsilon 4 du gène de l’apolipoprotéine E (7.1%). Comment concevoir des programmes de santé publique visant à réduire le risque incident de démence ? L’impact relatif des facteurs de risque permet de hiérarchiser les priorités. Pour Karen Ritchie, les cibles principales devraient être le diabète et éventuellement la dépression, qui sont traitables. L’action sur la consommation de fruits et légumes et sur l’intelligence est difficile à mettre en œuvre en population générale, compte tenu de l’influence des styles de vie.
Ritchie K et al. Designing prevention programmes to reduce incidence of dementia: prospective cohort study of modifiable risk factors. British Medical Journal 2010 ; 341 :c3885.