Presbyacousie

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Date de rédaction :
13 décembre 2014

« Comment expliquer à quelqu’un qui dit entendre aussi bien qu’avant, qu’il est atteint de presbyacousie, avec une baisse d’audition portant sur les sons aigus ? » s’interroge Séverine Leusie, orthophoniste et doctorante au GRAPsanté (Groupe de recherche Alzheimer presbyacousie). « Il se rend bien compte qu’il est dépressif, que la vie n’a plus de goût, qu’il a de plus en plus mauvais caractère et qu’il ne supporte plus les autres qui font tout pour le rendre malheureux. Bien sûr, “il n’est pas sourd”, mais petit à petit, après dix ou quinze ans, lentement, il prend conscience que son audition est devenue moins bonne, qu’il y a des sons qu’il n’entend plus et que certains bruits sont très inconfortables. Il est alors complètement perdu dans le monde des normo-entendants qui n’est plus le sien. » L’orthophoniste poursuit : « pour ceux qui ont déjà visité des EHPAD (établissements pour personnes âgées dépendantes), voir ces personnes âgées errer sans aucun but, dans les couloirs ou assis dans un salon, indifférentes, seules, ne regardant personne, avec une tristesse qui n’appartient qu’aux sourds, complètement coupées du monde, est une désolation. La première fois, on sent cette ambiance difficilement supportable puis on s’y habitue et on ne la remarque plus, elle a disparu. Et puis, que pourrait-on faire d’autre ? On ne peut que baisser les bras tant le changement paraît insurmontable. Pourtant, par ignorance, il s’agit d’une forme de maltraitance. Aujourd’hui on peut réhabiliter cette presbyacousie et offrir une audition acceptable jusqu’à la fin de la vie des personnes âgées. Mais il faudra plus que deux aides auditives. Au début, elles font des miracles mais une fois les cellules réceptrices mortes, elles deviennent de moins en moins opérantes. Une réhabilitation fonctionnelle est nécessaire et le travail en équipe entre ORL, audioprothésiste et orthophoniste s’impose. Il faut que les professionnels l’acceptent : aucun d’eux ne peut résoudre le problème à lui seul. Enfin, les généralistes et les gériatres devront dépister le plus tôt possible cette presbyacousie et la population française comprendre que leur passivité ne fait qu’aggraver les problèmes. » Le GRAPSanté vient d’éditer un DVD s’adressant en premier lieu aux généralistes et aux gériatres, aux ORL, aux orthophonistes, aux audioprothésistes, aux étudiants en médecine et « d’une manière générale à tous ceux qui ne connaissent pas l’audition et qui voudraient comprendre pourquoi l’audition est si importante dans la vie de tous les jours et pourquoi elle est si peu enseignée. »

La Lettre du GRAPSanté, 60, décembre 2014. Vergnon L et Vetel JM. La presbyacousie, un outil : le DVD du GRAPsanté. Rev Gériatrie 2014 ; 39(8) : 495-496.