Pourquoi avons-nous si peur de la démence ?

Société inclusive

Date de rédaction :
01 octobre 2017

Pour Peter Kevern, professeur associé à l’Université du Staffordshire (Royaume-Uni), où il enseigne les valeurs du soin, la démence, n’est plus silencieuse du tout. « Elle est devenue l’objet de discussions apparemment sans fin, comme en témoignent douze articles sur la démence en l’espace d’une seule semaine dans un journal britannique », relève-t-il. « L’emprise de la perspective de la démence sur notre imagination collective peut être enracinée dans quelque chose d’encore plus fondamental que notre peur de la maladie, qui défie nos postulats culturels les plus profonds. Nous vivons dans une société “hypercognitive”, selon Stephen Post, spécialiste d’éthique médicale, où la pensée rationnelle et la mémoire cohérente sont des valeurs centrales. Si la mesure de notre humanité est “je pense, donc je suis”, quel est le statut humain d’une personne qui n’a plus toute sa capacité de penser ? », s’interroge Peter Kevern. « Il y a encore d’autres domaines dans lesquels une personne atteinte de démence ne rentre pas dans notre compréhension de ce que devrait être une personne. Par exemple, la rhétorique sur les droits politiques et civiques, au cœur de notre système juridique, s’appuie sur la notion d’individus autonomes agissant avec une intention et un sens cohérent de leurs préférences et de leurs libertés propres. L’activité des citoyens comme producteurs et consommateurs avisés de biens physiques ou culturels de haute valeur est le socle sur lequel sont construites l’économie et l’industrie. Enfin, la valeur sociale perçue des personnes est étroitement liée à leur volonté et à leur capacité à rester en phase avec une société hautement complexe et en changement rapide.