Pour un lexique respectueux de la personne (1)
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Richard-Pierre Williamson, vice-président de l’Association nationale des coordinateurs et directeurs de CLIC (ANCCLIC) propose d’ « humaniser » le lexique de la gérontologie, « pour faire évoluer un vocabulaire utilisé par habitude, mais qui n’est ni pertinent, ni en accord avec l’éthique des professionnels ou bénévoles de l’accompagnement » : « en maltraitant notre langage, nous nous maltraitons nous-mêmes et indirectement les personnes que nous accompagnons, estime-t-il ». Plutôt que de « pensionnaire », il préfère parler de « résident », qui désigne tout autant le client, le bénéficiaire, l’usager et l’habitant. Une personne âgée ne doit plus « être placée », sauf s’il s’agit d’une admission forcée. Pour Richard-Pierre Williamson, « il ne s’agit pas tant d’être admis que d’entrer simplement en établissement, suite à sa propre décision ou à celui de son représentant légal ». A « gestionnaire de cas », « traduction malheureuse et incomplète de case manager », il préfère plutôt parler d’ « accompagnateur » ou de « coordinateur des soins ». A l’expression « lourde » de « fardeau de l’aidant », qui « vaut son pesant de dramaturgie en même temps qu’elle porte à occulter les bénéfices de l’aide (échanges, affection, services, compassion, don/contre-don, solidarités familiales…), il préfère tout simplement « aide aux aidants », « en intégrant évidemment le fait que cet engagement peut devenir excessivement pesant et nécessite d’être pris en compte très sérieusement et de manière concrète ». A « dépendance », il préfère « autonomie », la « capacité à gérer ses dépendances ». « Sortons de ce carcan sémantique, enfermant, limité, sclérosant, en donnant un peu d’aisance, d’ouverture, de bienveillance, à notre façon de penser. A ces mots, pour beaucoup confisqués par la pensée scientifique ou technocratique, donnons le souffle de la pensée humaniste », clame-t-il.
Actualités sociales hebdomadaires, 21 octobre 2011.