Pour des unités spécifiques « non Alzheimer »

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
05 novembre 2011

Pascal Menecier, et Laure Menecier-Ossia, de l’unité d’alcoologie, addictologie et consultation mémoire au centre hospitalier de Mâcon (Saône-et-Loire), soulèvent la question de la coexistence des résidents atteints de troubles cognitifs et des autres résidents de maison de retraite. Dans la lettre de psychogériatrie de l’AFDG (Association pour favoriser le développement de la géronto-psychiatrie), ils écrivent : « selon les structures, les unités spécialisées accueillent au mieux 5 à 10% des résidents de l’établissement atteints par ces affections, alors que la prévalence des maladies de la cognition au stade démentiel (maladie d’Alzheimer et syndromes apparentés) concerne de 50 à 80 % des résidents d’EHPAD. Quels critères font qu’une minorité peut accéder à ces services spécialisés et idéalement adaptés ? » : malgré les critères émis en 2008 par le gérontopôle de Toulouse, « il n’y a aucun consensus et presque autant de pratiques  que  d’unités différentes : unités qui accueillent les résidents jusqu’à la fin de leur vie (y compris avec handicap physique lourd), unités avec critères d’entrée et de sortie établis rédigés et validés par l’ensemble des représentants de l’établissement, ou des situations moins nettes, incertaines et fluctuantes, ou adaptées à chaque individu selon les points de vue ». Et comment les personnes n’ayant pas accès aux unités spécialisées vivent-elles la coexistence avec des résidents sans troubles cognitifs ? « Même si les symptômes psycho-comportementaux de la démence ne sont pas le quotidien de chaque malade, dans une unité de taille moyenne, il y a presque toujours une situation incontrôlée, qui interfère grandement sur la qualité de vie des autres résidents ». « Pour les résidents, à qui la question n’est jamais posée, qu’en est-il de vivre 24 heures sur 24 une telle mixité et parfois promiscuité ? » Alors, s’interrogent les gériatres, « ne faut-il pas proposer la fin des unités de vie Alzheimer pour que l’ensemble de l’EHPAD devienne un lieu de vie adapté aux malades Alzheimer ou apparentés qu’il accueille si fréquemment ?  A l’inverse, il conviendrait de proposer la création d’unités de vie non-Alzheimer pour la minorité de résidents d’EHPAD qui n’ont ni troubles cognitifs, ni altération chronique de la vigilance : que l’on dénomme parfois sous le terme de « lucides ». Ces quelques 10 à 20 % de résidents minoritaires d’EHPAD justifieraient tout autant de soins adaptés dans des unités spécifiques ».

Menecier P et Menecier-Ossia L. Vers une fin annoncée des unités de vie Alzheimer ? www.lettre-psychogeriatrie.com/?p=224. Gérontopôle, Hôpitaux de Toulouse. Unités Spécifiques Alzheimer en EHPAD et prise en charge des troubles sévères du comportement. Réflexion sur les critères de définition et missions. Août 2008.

www.solidarite.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_etude_Alzheimer_Gerontopole_2008-septembre.pdf (texte intégral).