Pour celle qui est assise dans le noir à m’attendre, d’Antonio Lobo Antunes
Société inclusive
« Recluse dans un appartement de Lisbonne, confiée par le neveu de son mari défunt aux soins d’une employée de maison, une vieille actrice vit ses dernières heures. Celle qui a fait une carrière modeste sur les planches sent progressivement la parole se refuser à elle. Les souvenirs ressurgissent : des moments savoureux alternent avec d’autres plus sombres, Antonio Lobo Antunes (ex-médecin psychiatre hospitalier) tisse une infinité de fils passant d’un personnage à l’autre, d’une époque à l’autre, d’un narrateur à l’autre, avec une liberté effrontée, sans jamais perdre son humour. Tous ses personnages pourraient reprendre à leur compte cette confidence de l’un d’entre eux :”Si au moins quelqu’un voulait bien me prendre dans ses bras, me faire sentir qu’il y a une place pour moi dans ce monde”. » « L’Alzheimer gagne, puis l’immobilité, puis le silence », écrit Christophe Mercier, du Figaro. « La vieille femme, si elle parle de moins en moins, et prononce des paroles apparemment dépourvues de sens, continue à penser et à se souvenir. » À mesure que la maladie gagne du terrain, les images se mêlent, s’entrelacent en une symphonie pathétique, confuse, tragique et finalement lumineuse : à la fin du livre, quand elle meurt, elle part dans la lumière en tenant son père par la main. » C’est le vingt-quatrième roman publié en France du maître portugais.
« Sa virtuosité est unique dans le roman contemporain : sa liberté de construction, la diversité de sa palette confirment qu’il est l’égal d’un Faulkner ou d’un Giono », écrit Christophe Mercier. « On est ébloui par le mélange des tons, du tragique quotidien (“si, c’était beau papa, je regrette juste qu’il reste si peu de temps avant la fin, que je m’éloigne petit à petit de moi-même au point de me perdre, vide, creuse, assise dans un coin sans avoir envie de rien, sans me souvenir de rien, n’attendant même pas, me contentant de durer”) à la plus grande cocasserie. » « Ici, pour la première fois, malgré la noirceur du thème, il écrit un roman finalement parfaitement optimiste, du moins parfaitement serein. » »
Lobo Antunes A. Pour celle qui est assise dans le noir à m’attendre. Paris : Christian Bourgois. 450 p. 4 mai 2017. ISBN : 978-2-2670-3005-1. www.pressreader.com/france/le-figaro/20170518/282827896077435, 18 mai 2017.