Porte de Champerret, d’Evelyne Bloch-Dano

Société inclusive

Date de rédaction :
16 mars 2013

« Comment faire coïncider la vieille femme édentée et la jeune mère qui me tient, nourrisson, dans ses bras ? écrit la spécialiste des biographies Evelyne Bloch-Dano. « La mère de la narratrice, qui fut dans le Berlin de l’immédiat après-guerre une femme engagée (elle y dirigeait un service technique des personnes déplacées), est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Elle oublie le passé proche, mais les images de la petite enfance lui reviennent. En parallèle, sa fille Evelyne décide enfin de vider l’appartement où sa mère n’habitera plus. Le départ de cet immeuble de la porte de Champerret, ce lieu des lisières, provoque en elle une montée se souvenirs. Que filtrer dans ce sablier magique où passent les grains du temps ? Que retenir des propos d’une mère à la mémoire éteinte ? Peut-on s’expulser soi-même du passé, comme on est délogé d’un appartement ? » Evelyne Bloch-Dano révèle ce que cachent la famille et le foyer, la maternité et la filiation, mais aussi le deuil, attendu, des bonheurs enfuis. « Il est troublant de voir Evelyne Bloch-Dano, si rigoureuse et opiniâtre quand elle pénètre la vie des autres, perdre ici sa belle assurance, errer dans les pièces vides de son passé comme une âme en peine, céder à la nostalgie, dont elle ne veut pourtant pas, et à une émotion qui déborde », écrit Jérôme Garcin, du Nouvel Observateur. « Comme l’auteure possède une aptitude naturelle au bonheur, son retour en arrière est d’une nostalgie délicieuse. Ses pages vibrent pour un temps perdu aux saveurs de paradis. Comme elle est féconde, la mémoire, quand elle est cultivée avec tant de grâce ! », écrit Yves Viollier, de La Vie. PourMohammed Aïssaoui, du Figaro littéraire, « la manière avec laquelle Evelyne Bloch-Dano aborde son sujet est une merveille. En effet, qui n’a jamais éprouvé ce sentiment de petite mort au moment d’abandonner le lieu qui a hébergé sa jeunesse ? Il faut faire le deuil du passé comme celui d’un être aimé. Avec ses allers retours entre les souvenirs et le présent, la romancière dépeint tout, elle fait la triste comptabilité des madeleines qu’elle ne retrouvera plus : “Que ne donnerais-je aujourd’hui pour manger le poisson à la gelée qu’elle nous préparait avec tant d’amour ? “  Ce récit est aussi un combat contre l’oubli, une quête si vaine qu’elle en devient bouleversante. “Habiter, c’est englober le dedans et le dehors, le haut et le bas, l’inscrire dans ses gestes et dans son corps”, écrit-elle. Ce livre le confirme : les murs n’ont pas que des oreilles, ils ont une âme aussi ».

Bloch-Dano E. Porte de Champerret. Paris : Grasset. 30 janvier 2013. 190 p. ISBN 978-2246786245. www.ebloch-dano.com/presse.php. Le Nouvel Observateur, 28 mars 2013. La Vie, Le Figaro littéraire, 14 mars 2013.