Politique de l’âge et santé, dossier de la revue du Haut Conseil de santé publique (3)

Société inclusive

Date de rédaction :
01 mars 2014

Pour Florence Weber, directrice du département de sciences sociales de l’École normale supérieure, la gérontologie est le parent pauvre des politiques sanitaires et sociales : « lorsqu’on évoque les 5 milliards d’euros de l’APA (allocation personnalisée d’autonomie) pour justifier la prudence budgétaire, les met-on en rapport avec les 169 milliards d’euros de soins de santé ? Comment justifier que les personnes âgées dépendantes hébergées en établissement subissent en permanence des formes de privation de liberté, liées aux contraintes qui pèsent sur les employées de l’établissement ? Comment justifier que la parole de celles qui restent à leur domicile soit si peu écoutée, sinon par leurs proches, parce que les salariées n’ont pas été formées aux pathologies du grand âge ? Certes, la relation d’aide est ambivalente et risquée. Mais des compétences existent, notamment dans le domaine du handicap et de la psychiatrie, qui pourraient être transférées à la gérontologie. De même, les prouesses technologiques qui permettent de compenser différentes formes du handicap moteur et sensoriel n’ont pas encore été diffusées en direction des personnes âgées. » Florence Weber conclut : « le risque existe sans doute d’une surveillance accrue et d’une paresse intellectuelle conduisant à la recherche du confort des seuls aidants. Mais il est temps d’écouter les personnes dépendantes elles-mêmes, y compris les plus âgées d’entre elles, si l’on ne veut pas d’une société qui ferme les yeux et laisse les vieux aux mains de leurs seuls proches, familles et professionnels, si bien intentionnés qu’ils soient. »

Weber F. La dépendance : drames humains et enjeux politiques. Actualité et dossier en santé publique 2013 ; 85 : 45-46. Décembre 2013.