Politique de la dépendance : un projet inaudible ?
Droit des personnes malades
« L’un semble tout résoudre : le projet de loi sur la “fin de vie”. L’autre parle d’un sujet qui semble plus tabou que la mort : l’aide à l’autonomie, “dépendance” », s’insurge Annie de Vivie, d’Agevillage. L’argent public est rare, mais « on sait pourtant ce qu’il faudrait faire. »Les recommandations d’une vingtaine de rapports depuis 2005 (y compris le tout nouveau bilan du plan Alzheimer 2008-2012) convergent vers trois points : déployer sur les territoire des guichets d’entrée lisibles ; déployer une filière de « prendre soin » labellisée ; solvabiliser la compensation par une prestation financière renforcée. « On le voit : avant de parler financement, il faut parler “gouvernance” de l’aide et des soins », dénonce Annie de Vivie : sans outils, sans contrôles, sans filière labellisée : pas de pilotes, pas de langages communs et des crédits qui sont distribués presque “à fonds perdus”, alors que nous n’en avons pas (plus ?) les moyens ! Alors pourquoi ne le fait-on pas ? Parce qu’il est impossible de parler “aide à l’autonomie”, “dépendance à l’autre” dans une société jeuniste et individualiste ? Parce que nous nous fixons sur une vision essentiellement comptable de la situation (qui bloque tout investissement) ? Parce qu’il faudrait désigner un pilote de proximité (et donc frustrer ceux qui ne le seront pas), un outil d’évaluation (et un seul), une caisse nationale (et des antennes régionales), des recettes fléchées et non détournées ? Parce que labelliser veut aussi dire informer, former et contrôler ? Parce que les aidants professionnels ou familiaux ne crient pas assez fort leur épuisement ? Parce que vieillir en ayant besoin d’aides est un tabou pire que la mort ? »
www.agevillagepro.com, 2 juillet 2013.