Plans Alzheimer nationaux (6) Septembre 2010
Échos d'ailleurs
En Asie, la situation est contrastée.
Le Japon, qui a introduit un système national d’assurance dépendance en 2000, a mis en place une stratégie nationale pour la démence, avec la vision d’ « une société où les patients atteints de démence puissent vivre une vie autonome en sécurité ». Au plan du vocabulaire, la démence a été officiellement renommée en 2004 ninshi-shô, au lieu de rôjinsei chihô-shô (insanité sénile). Jugé moins stigmatisant, ce terme a semé une certaine confusion dans la société japonaise. Il a en effet un autre sens en droit civil. Ninchi est associé à la « reconnaissance d’un enfant naturel de mère célibataire » par le père biologique. En terminologie scientifique, ninchi dénote la cognition (Ikeda M et Roemer MK).
Parmi les priorités politiques pour la démence, figurent l’établissement d’un environnement social adapté pour les personnes malades ; la coordination entre le système de santé et le système social pour faciliter le diagnostic précoce de la démence avec un programme de formation pour les médecins généralistes ; le développement de mesures de soutien formel et informel spécifiques pour les malades jeunes (qui sont couverts par l’assurance dépendance depuis la réforme de 2006) ; et la dissémination de l’information sur le traitement, les soins et l’accompagnement, ainsi que sur les ressources de proximité accessibles pour les personnes atteintes de démence et leurs aidants.
Shuichi Awata, directeur de l’équipe de recherche pour la promotion de l’autonomie des personnes âgées à l’Institut métropolitain de gérontologie de Tokyo, présente le concept de centre médical pour la démence, introduit en 2008 dans le cadre du programme national de santé japonais. Le centre médical offre une consultation spécialisée (avec des salles de consultation spécifiques), un diagnostic différentiel pour l’intervention précoce ; un traitement médical pour les phases aigües des symptômes psycho-comportementaux et des co-morbidités ; la formation des médecins généralistes et autres professionnels de proximité ; des réunions de réseau pour tisser des liens entre médecins et professionnels de l’accompagnement social ; une information auprès du grand public. Les centres médicaux ont un rôle dans la politique locale sur la démence et collaborent avec les municipalités.
Ikeda M et Roemer MK. ‘Distorted Medicalization’ of Senile Dementia: The Japanese case. World Cultural Psychiatry Research Review 2009; 4(1): 22-27. Janvier 2009. www.cscd.osaka-u.ac.jp/user/rosaldo/WCPRR2009_22-27.pdf. Takeda A et al. Prospects of future measures for persons with dementia in Japan. Psychogeriatrics 2010; 10(2):95-101. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20738814. Juin 2010. Arai Y et al. The national dementia strategy in Japan. Int J Geriatr Psychiatry 2010; 25(9):896-899. Sep 2010. http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/gps.2589/full. Awata S. New national health program against dementia in Japan : the medical center for dementia. Psychogeriatrics 2010; 10(2):102-106. Juin 2010. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20738815.