Plan Alzheimer : UHR (3)
Société inclusive
Certaines difficultés persistent : l’absence de personnel de nuit pour orienter la personne déambulante vers sa chambre et la remettre dans son lit : « chaque matin, le personnel doit retrouver tous les résidents parfois agglutinés dans un lit, nettoyer les fèces ou l’urine étalées et dans lesquelles d’autres ont marché… Le couloir ne correspond pas non plus au besoin de mouvement des personnes : elles tournent en rond. Les architectes et les professionnels réfléchissent à la création d’espaces sans angles morts (pour que le professionnel puisse veiller à la sécurité des personnes, mais permettant de varier les cheminements et d’aller à l’extérieur. Les familles, qui ont vu leur parent remarcher alors qu’il avait été contenu physiquement pendant des semaines, qui le voyaient parler correctement ou être heureux de leur présence parce que ne prenait plus de médicaments, ont soutenu l’équipe malgré les imperfections de la mise en place : elles ne voulaient plus voir leur parent attaché dans un fauteuil ou un lit ni « abruti par des drogues ». Les familles sont tout étonnées de retrouver des personnes actives alors qu’auparavant la vieillesse était vraiment synonyme de vie arrêtée : « mais ils ont l’air heureux ici ! ». L’équipe accompagne les familles dans la compréhension de la maladie, pour qu’elles arrivent à accepter que leur parent ne soit pas intéressé par leur visite ou qu’il refuse absolument de le voir. Les visites sont plus nombreuses et plus régulières. « Une ambiance familiale est ainsi recréée. Et la famille ne reste ni dans la culpabilité ni dans le regret puisqu’elle n’est pas venue pour rien : elle a été reconnue comme bienveillante et acceptée dans son rôle », explique le Dr Burellier. « L’image de l’établissement a également beaucoup évolué ; c’est devenu un endroit où les personnes peuvent encore vivre : elles ont des capacités bien supérieures à ce qu’on pourrait croire. Enfin, notre service est devenu un service ressource, surtout en ce qui concerne les troubles du comportement : quand un collègue ne sait plus comment agir avec un résident, il vient nous demander conseil ».
Doc’Alzheimer, octobre-décembre 2011.