Plan Alzheimer : UHR (2)
Société inclusive
L’unité d’hébergement renforcé (UHR), spécifique des soins de longue durée (USLD), un lieu de vie et de soins qui fonctionne nuit et jour, propose sur un même lieu l’hébergement, les soins, les activités sociales et thérapeutiques pour des personnes âgées répondant aux critères d’admission en USLD et présentant des troubles du comportement perturbateurs sévères dans le cadre de l’évolution d’une maladie d’Alzheimer ou de maladies apparentées, rappellent Marie-Christine Godart et ses collègues, de l’UHR du CHU de Nancy (Meurthe-et-Moselle).
Le Dr Burellier, médecin coordonnateur de l’EHPAD Saint Roch-Chante Alouette du Centre hospitalier du Pays de Craponne-sur-Arzon (Haute-Loire), se souvient des conditions de mise en place d’une telle unité : « dans nos services de centre gérontologique, nous nous trouvions avec des patients qui déambulaient beaucoup, qui fuguaient, étaient violents ou agressifs, avec des comportements très instables ou présentant des « bouffées délirantes. Nous n’avions pas d’autre choix que d’user des différentes formes de contention à notre disposition : contention physique ou contention chimique. Et quand les médicaments étaient insuffisants, il y avait une obligation d’attacher la personne afin d’éviter qu’elle ne se blesse ou blesse son entourage : l’institution était un lieu de mal-être entre les cris et les pleurs de personnes atteintes de démence, la souffrance des soignants et l’agitation des autres résidents », « Nous avons donc choisi d’isoler huit personnes, trop perturbantes pour les autres services, dans une partie de l’hôpital : huit chambres individuelles situées dans un couloir en L pour leur permettre de marcher, avec une salle des infirmières vitrée sur deux côtés afin de pouvoir intervenir vite en cas de besoin » : « le but est de laisser s’exprimer les fonctions qui persistent en exerçant une prise en charge comportementale et environnementale. Nous pensions que si le service était adapté aux personnes, elles ne dérangeraient plus les autres résidents et pourraient au moins exprimer leurs émotions », ajoute-t-il. Deux ans et demi ans la mise en place de cet espace, quels résultats ? L’unité a accueilli vingt-et-une personnes. Il y a moins de chutes : la déambulation améliore le tonus musculaire et la densité osseuse ; la consommation de médicaments a chuté de 52% ; les codes sociaux sont préservés ; les personnes chantent et beaucoup retrouvent les paroles dans leur mémoire sémantique. Le service ne peut fonctionner qu’avec des professionnels motivés, ce qui impose à l’hôpital une gestion du personnel différente ; la contention physique n’est plus pratiquée, et la contention chimique (neuroleptiques, antidépresseurs, somnifères) quasi inexistante ; la gestion des émotions est un point difficile : il faut « veiller en permanence à ce que le professionnel ne surinvestisse pas dans la relation humaine ni ne risque de penser que les résidents se comportent comme des enfants », et accepter le fait que « si l’on veut voir s’exprimer des émotions positives, il y aura obligatoirement à gérer des émotions négatives (tristesse, agressivité) » ; la perception par autrui de la maladie vise à casser l’image de ce que les personnes étaient avant : l’équipe souhaite « les prendre en charge pour ce qu’elles sont et non pour ce qu’elles ont été ».
Godart MC et al. L’unité d’hébergement renforcé. Soins Gérontologie 2012 ; 93 : 45-46.
Doc’Alzheimer, octobre-décembre 2011.