Perception du risque de dépendance : entre myopie et déni

Droit des personnes malades

Date de rédaction :
01 mars 2014

Dans le contexte de la préparation de la loi d’orientation pour l’adaptation de la société au vieillissement et afin d’éclairer les débats publics, la Fondation Médéric Alzheimer publie les résultats d’une étude économique (PATED) réalisée auprès d’un échantillon représentatif de plus de trois mille six cents Français extraits du panel de l’enquête PATER en collaboration avec TNS-Sofres, Luc Arrondel et André Masson de l’École d’Économie de Paris (PSE). Comparée aux autres risques (santé, automobile, etc.), la dépendance se singularise par un décalage temporel important entre le moment où l’on s’assure (environ cinquante-huit  ans) et le moment où le risque a une probabilité forte de survenir (environ quatre-vingt-cinq ans), explique Manuel Plisson, responsable du pôle Économie et finances de la Fondation Médéric Alzheimer. De plus, il est toujours délicat pour les personnes de s’identifier à des individus confrontés à la dépendance et donc d’appréhender cette dernière de manière rationnelle… Pour ces raisons, le risque dépendance est susceptible d’entraîner deux types de comportements : d’une part, la « myopie » : les individus n’envisagent pas le risque dépendance auquel ils seront exposés ; d’autre part, le « déni » : les individus sont conscients du risque mais préfèrent ne pas y penser. Cette étude indique également que le risque de dépendance est aujourd’hui encore peu pris en compte par les Français. Deux tiers de ceux âgés de quarante-cinq ans n’ont pris à ce jour aucune disposition pour se prémunir du risque de dépendance, 40% n’envisagent pas le risque de dépendance et 15% font preuve de déni. Néanmoins, les proches ayant une personne dépendante dans leur entourage sont plus sensibles à la question : 64% d’entre eux envisagent le risque d’être un jour dépendant à leur tour. Cependant, même si tous les Français étaient très prévoyants et conscients du risque, la proportion d’individus prêts à s’assurer ne dépasserait pas les 15%. Dans ce contexte, estime Manuel Plisson, « une mobilisation accrue de la prévoyance individuelle pour financer le risque dépendance pourrait passer soit par l’instauration d’une assurance obligatoire comme pour la santé ou l’automobile, soit par une régulation publique active du marché visant à stimuler la demande (campagne de sensibilisation, politique de solvabilisation de la demande d’assurance par des instruments fiscaux, liquidification du patrimoine) ou une profonde évolution des produits d’assurance (harmonisation des produits, développement du viager). »

Bérard A, Fontaine R, Plisson M, Zerrar M. Perception du risque dépendance et couverture au sein de la population. Les enseignements de l’enquête PATED. Rapport d’étude n°6. Fondation Médéric Alzheimer. Février 2014. www.fondation-mederic-alzheimer.org/content/download/17373/76861/file/RAPPORT%20PATED%20final.pdf. www.senioractu.com/(texte intégral). Agence fédérale d’information mutualiste, 28 mars 2014. www.mutweb.fr/upload/docs/application/pdf/2014-03/afim2803_2014_2014-03-28_10-20-7_846.pdf?t=true. www.agevillage.com, 1er avril 2014. www.silvereco.fr, 27 mars 2014. www.assurprox.com, 7 avril 2014. Séminaire TDTE, Caisse des dépôts, 20 février 2014. http://tdte.fr/uploads/40_PATED%20Presentation%20TDTE%20VFinale.pdf(texte intégral).