Penser la sexualité de la personne malade d’Alzheimer d’une manière éthique (2)

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
16 avril 2013

« Dans une institution gériatrique, il arrive qu’un soignant découvre au petit matin deux résidents couchés dans le même lit. Il est nécessaire de s’assurer du consentement des patients engagés dans une relation sexuelle », poursuit André Dupras. « Généralement, la sécurité prédomine sur l’intimité parce que les soignants ont la responsabilité de protéger le malade qui leur est confié contre les risques d’abus. Des familles ont accusé des institutions de négligence ou d’échec à protéger leur parent contre les agressions sexuelles. Un processus d’évaluation de la capacité à consentir à une activité sexuelle devrait permettre de savoir si la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer est capable d’exprimer ses désirs sexuels et d’en envisager les bénéfices, de les actualiser, d’être consciente de la nature, des conséquences et des risques possibles de la relation sexuelle, d’utiliser des moyens sécuritaires et d’éviter l’exploitation sexuelle en refusant des avances indésirables ». Pour André Dupras, « la liberté de l’individu, un autre principe éthique, entre en conflit avec celui de la sécurité. En matière de sexualité, la liberté signifie d’avoir la possibilité de s’engager dans une activité sexuelle sans contrainte. Or, il est difficile pour un malade atteint d’Alzheimer de préserver sa liberté sexuelle dans un milieu de vie fermé qui surveille constamment les résidents pour assurer leur protection. Ajoutons que le caractère public de l’institution et les exigences de l’organisation des services rendent impossible l’expression totalement libre de la sexualité. Si le résident bénéficie d’une chambre individuelle, le respect de son intimité n’est pas garanti car on y entre souvent sans frapper. Les soignants doivent prendre le temps de réfléchir sur l’intimité en institution gériatrique qui assure une plus grande liberté et expression de la sexualité du résident. Le respect de son droit à la liberté sexuelle est aussi important que sa sécurité. Les professionnels ont le devoir d’accompagner les résidents désireux d’avoir une vie sexuelle active en les aidant à exprimer leurs désirs, en favorisant des rencontres et des échanges intimes qui s’avèreront sécuritaires et discrets. Il importe d’assurer la plus grande protection possible au résident atteint de la maladie d’Alzheimer tout en respectant ses droits sexuels », conclut le sexologue.

Dupras A. Penser la sexualité de la personne malade d’Alzheimer d’une manière éthique. Espace national de réflexion éthique sur la maladie d’Alzheimer. Avril 2013. www.espace-ethique-alzheimer.org/. http://leplus.nouvelobs.com/contribution/785620-sexualite-pourquoi-les-malades-d-alzheimer-doivent-poursuivre-leur-vie-sexuelle.html, 19 février 2013.