Pékoloce rend visite à sa mère, de Yuuichi Okano

Société inclusive

Date de rédaction :
16 mai 2013

Les premières planches de ce qui allait devenir un livre en 2012 ont été publiées à compte d’auteur. Aujourd’hui, le succès de ce manga (bande dessinée japonaise) est retentissant et tout à fait inattendu.  Un film doit sortir à l’automne. Pékoloce rend visite à sa mère raconte, avec beaucoup d’humour, la vie quotidienne à Nagasaki du dessinateur, Yuuichi Okano, soixante-trois ans, avec sa mère Mitsué, quatre-vingt-dix ans, souffrant de la maladie d’Alzheimer. Recourir au dessin permet, selon Yuuichi Okano, de prendre du recul pour vivre les conséquences pénibles de cette maladie et d’en percevoir la dimension parfois amusante. C’est aussi le moyen pour lui de se détendre à la fin de la journée, une fois son travail de journaliste terminé et les soins prodigués à sa mère achevés. C’est en tout cas, selon lui, le dessin qui facilite ses relations avec sa mère. Quant à son surnom de Yuuichi Okano le doit à son crâne dégarni qui ressemble à un « pékoloce », espèce d’oignon apprécié des Japonais. Dans une scène du manga, on le voit d’ailleurs offrir son crâne aux doigts de sa mère pour qu’elle puisse le taper afin de rééduquer sa main. Yuuichi Okano estime que sa chance a été de ne pas avoir vraiment de connaissances  sur cette maladie et, à l’opposé des familles qui se lamentent au seul énoncé de son nom, de l’avoir acceptée comme un phénomène de vieillissement naturel. « Je ne ressentais pas de tristesse en voyant l’état de santé de ma mère se dégrader mais un sentiment d’affection et de tendresse, surtout quand je songeais à ce qu’elle avait été autrefois. J’ai vu, pour la première fois, ma mère sourire d’un sourire innocent qui était celui d’un petit enfant. » La manga permet de traiter avec une douce ironie des sujets les plus difficiles à supporter, comme des sous-vêtements sales que l’on cache ou les accusations de vol proférées à l’encontre des proches. Yuuichi Okano confesse qu’en réalité, il était souvent fâché contre sa mère mais que, lorsqu’il réfléchissait à la façon de traiter ces scènes par le dessin, il en arrivait à une perception plus objective et à une meilleure compréhension de ses comportements. Yuuichi Okano admet cependant qu’aujourd’hui, en raison de l’évolution de la maladie de sa mère, il lui est beaucoup plus difficile de conserver cette distance par rapport à la réalité et que ses planches les plus récentes reflètent davantage ses souhaits que son vécu quotidien.

Yomiuri Shinbun, 2 avril 2013 (texte en japonais, résumé en français de Kyoko Ito-Siegel). Okano Y. Pecoros, goes to meet a mother. 19 juillet 2012. ISBN: 978-4816708534 (livre en japonais). www.yesasia.com/us/pekorosu-no-haha-ni-ai-ni-iku/1031096618-0-0-0-en/info.html.