Pays-Bas : des petites unités de vie comme à la maison
Société inclusive
Aux Pays-Bas, les maisons de retraite traditionnelles pour personnes atteintes de démence évoquent la dépersonnalisation, la passivité, la perte de compétences et les contraintes physiques. Une alternative à la maison de retraite est la petite unité de vie. Qu’en pensent les principaux intéressés ? Ezra van Zadelhoff, doctorant à l’Ecole de santé publique de l’université de Maastricht et ses collègues ont mené une étude auprès de petites unités de vie, fonctionnant depuis trente mois et accueillant chacune dix résidents. Les unités sont organisées autour d’une salle de séjour commune et possèdent une cuisine. Huit résidents ont une chambre individuelle avec leur propre mobilier, douze partagent leur chambre. La décoration des deux unités évoque un domicile. Les soins et l’accompagnement vingt-quatre heures sur vingt-quatre sont délivrés par neuf professionnels (7.2 équivalents temps plein) âgés de vingt à soixante ans, ayant une expérience en soins gériatriques. Le personnel assiste les résidents pour qu’ils réalisent eux-mêmes les tâches de la vie domestique telles que la lessive, le ménage et la préparation des repas à la cuisine, et organisent des activités (marche, exercices, chant). Une équipe pluridisciplinaire (médecin gériatre, psychologue, kinésithérapeute et ergothérapeute), est disponible en tant que de besoin. Les chercheurs ont observé les résidents pendant trente-deux heures réparties sur huit jours, et ont mené des entretiens approfondis avec cinq d’entre eux, quatre membres de la famille et quatre membres de l’équipe. Les résidents se sentent « à la maison » et la plupart se retrouvent au salon durant la journée pour parler, boire du café ou lire. Les activités de la vie quotidienne apportent de la stabilité et de la clarté, ce qui aide les personnes malades à préserver leur identité. Qu’en disent les personnes malades ? « Je peux aller dans ma chambre quand je veux. Mais c’est rare : je préfère rester au salon avec les autres » ; « je fais toujours la lessive ici. Je l’ai toujours faite chez moi ». Les aidants familiaux sont considérés comme des membres du groupe, plutôt que comme des visiteurs. Ils ont une clé et viennent plus régulièrement que dans une maison de retraite, et sont très impliqués dans les soins corporels et les tâches ménagères. Si l’habitat groupé crée des conditions pour une bonne prise en soins et stimule l’attention et la capacité à répondre, des tensions peuvent émerger en raison de la nouvelle division des responsabilités et des tâches.
Van Zadelhoff E et al. Good care in group home living for people with dementia. Experiences of residents, family and nursing staff. J Clin Nurs 2011 ; 20(17-18) : 2490-2500. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21762419.