Nos mémoires imaginaires, une pièce créée par des personnes malades et des lycéens, mis en scène par Catherine Decastel

Société inclusive

Date de rédaction :
01 août 2017

Au théâtre Berthelot de Montreuil (Seine-Saint-Denis), des résidents atteints de troubles cognitifs de la résidence Diane Benvenuti (maison de retraite de la Fondation de Rothschild) et des élèves du lycée Grégor Mendel ont joué Nos mémoires imaginaires, une pièce qu’ils ont créée. Pauline, Chloé, Luca, Yannis, Dalia et leurs camarades sont en classe de première, filière services de proximité et vie locale. Ils se destinent plutôt à devenir éducateurs spécialisés, à travailler dans la prévention ou à enchaîner sur un service civique : une large majorité de ces dix-sept jeunes n’avaient jamais mis les pieds dans un EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) il y a encore huit mois. Aujourd’hui, ils sont parfaitement à l’aise avec Viviane, Colette, Louise, Jacqueline, Jean-François et Jean-Jacques. Depuis octobre 2016, ils se rencontrent une fois par semaine dans le cadre de l’atelier théâtre proposé par l’établissement. Est-ce difficile de nouer des relations et de monter un projet en commun ? « Comme ils ont la maladie d’Alzheimer, ils ne se souviennent pas des textes, alors il y a beaucoup d’impro », répond Luca. Car c’est ce qui fait toute l’originalité de la pièce : certains dialogues sont écrits, d’autres naissent à chaque répétition. Avec Catherine Decastel, metteur en scène, les lycéens ont appris à poser des questions à leurs partenaires de scène, à rebondir sur leurs réponses pour enchaîner. A la dernière répétition, Jean-François a évoqué ses souvenirs à l’armée, des moments forts qui l’ont marqué. Les fois précédentes, il répondait plutôt sur le ton de la plaisanterie. Colette ne se souvient plus, d’une répétition sur l’autre, de la finalité de l’atelier, ni qu’ils monteront tous sur scène à l’issue de ces huit mois partagés. Mais elle prend visiblement beaucoup de plaisir à s’exprimer, à se faire applaudir, à embrayer sur une chanson… « A tout moment, le spectacle peut partir ailleurs », confirme Catherine Decastel. « Mais c’est aussi cette fragilité qui fait la beauté du projet. » C’est d’ailleurs le sujet de la pièce, qui traite du caractère fluctuant de nos souvenirs. Les fabriqués, les oubliés et ceux qui nous ont changés. « La plupart des gens pensaient voir un spectacle amateur, du genre représentation de fin d’année je pense. Mais en fait, c’était un peu plus que ça. Et c’est là la réussite de cette pièce. Nous sommes des amateurs particuliers », sourit Pauline Allain, l’animatrice de la maison de retraite.