Neuropsychologie de l’humour
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Selon les théories actuelles du fonctionnement cérébral, explique le Pr Christian Derouesné, du laboratoire Epsilon, Dynamique des capacités humaines et des conduites de santé, à l’Université Paul Valéry-Montpellier 3, deux circuits sont activés dans le traitement d’une information faisant appel à l’humour : le cortex préfrontal et les jonctions temporo-pariétales pour la compréhension de l’humour, et le cortex frontal orbito-médian, le cortex insulaire, l’amygdale et le système de récompense pour son appréciation. Ces deux systèmes ne sont pas spécifiques de l’humour : leur activation est également observée dans plusieurs autres processus cognitifs de haut niveau. Ces circuits correspondent, d’une part, à « des “patrons” de réseaux d’activité cérébrale, acquis au cours du développement individuel et des interactions sociales, qui sous-tendent les valeurs, croyances et représentations du monde du sujet et, d’autre part, à l’analyse du contexte actuel dans lequel survient l’incongruité. L’humour peut ainsi être décrit comme un processus dynamique complexe associant l’activité de deux systèmes neuronaux spécialisés à celle de multiples réseaux interconnectés agissant comme des processus parallèles distribués qui confèrent à l’incongruité son caractère humoristique et modulent son expression. Au cours des pathologies cérébrales, des altérations de l’humour pourraient ainsi être liées soit à l’atteinte focale de l’un ou des deux systèmes spécialisés, soit à une perturbation des réseaux distribués dans certaines pathologies non focales. »
Derouesné C. Neuropsychologie de l’humour : une introduction. Partie II. Humour et fonctionnement cérébral. Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 2016 ; 14(3) : 307-316. Septembre 2016. DOI : 10.1684/pnv.2016.0618.