Neuroleptiques : effets indésirables
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Le Professeur Degos, président du Collège de la Haute autorité de santé (HAS), et Florence Lustman, inspecteur général des Finances en charge du plan Alzheimer, ont dressé un état des lieux de la prescription des neuroleptiques dans le cadre de la maladie d’Alzheimer lors d’une conférence de presse conjointe. Comme beaucoup de malades âgés, les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer sont particulièrement exposés aux psychotropes, en particulier aux neuroleptiques, et à leurs effets secondaires. Le Dr Benoît Lavallart, chargé de mission Alzheimer, rappelle que ces médicaments « sont la mauvaise réponse à ces troubles du comportement, perturbateurs pour l’entourage et potentiellement dangereux pour les patients » : les données montrent, en effet, que si l’on traitait mille personnes atteintes de troubles du comportement avec un antipsychotique atypique pendant douze semaines, on observerait une diminution des troubles du comportement chez quatre-vingt onze à deux cents patients, dix décès supplémentaires, dix-huit accidents vasculaires cérébraux et des troubles de la marche chez cinquante-huit à quatre-vingt-quatorze patients. Un indicateur national d’alerte iatrogénique, mesurant l’exposition des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer aux neuroleptiques a été mis en place par les trois principaux régimes d’assurance maladie, en collaboration avec l’Institut national de veille sanitaire. L’exposition des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer aux neuroleptiques a reculé en un an de 16,8% à 16,1%. L’objectif de la HAS est d’arriver à 5%, grâce à des programmes d’amélioration des pratiques développés par les professionnels sur la prescription chez le sujet âgé et grâce aux mesures du plan Alzheimer sur la formation à la prise en charge non médicamenteuse des troubles du comportement.
En Angleterre, mille huit cents décès et mille six cents accidents vasculaires cérébraux ont lieu chaque année chez des personnes âgées atteintes de démence, et traitées avec des anti-psychotiques conçus pour traiter la schizophrénie, selon un rapport de Sube Banerjee, professeur de santé mentale au King’s College de Londres et co-auteur du plan stratégique anglais sur la démence.
Pour le Professeur Laurent Degos, « la solution, ce n’est pas toujours le médicament, mais bien plus l’apaisement des patients par des moyens comportementaux ». Selon le Dr Lavallart, des techniques de soins adaptées permettent de réduire de 50% à 60% les comportements agressifs lors de la toilette de la personne malade, en y consacrant 2.4 minutes de plus. « Avec dix séances d’ergothérapie pendant six semaines, on améliore de 84% la capacité à réaliser les actes de la vie quotidienne », précise Benoît Lavallart, qui ajoute qu’ « il faut intervenir à domicile avec des professionnels formés, dès le diagnostic, pour prévenir les crises et aider les proches à accompagner leur malade ».
www.agevillage.com, 15 et 29 novembre 2009. Haute autorité de santé. Confusion aiguë chez la personne âgée : prise en charge initiale de l’agitation. Mai 2009. Haute autorité de santé. Maladie d’Alzheimer et maladies apparentées : prise en charge des troubles du comportement perturbateurs. Mai 2009.