Musicothérapeute : éveiller la caisse de résonance
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Pilar Garcia est musicothérapeute diplômée depuis trente ans. Elle intervient en hôpital de jour, en accueil de jour, en unité d’hébergement renforcé (UHR), en pôle d’activités et de soins adaptés (PASA) ou en unité cognitivo-comportementale (UCC). Elle rappelle les préalables d’une séance réussie d’une heure trente, avec des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Des rituels marquent le début et la fin de l’activité, offrant un cadre rassurant aux personnes malades. On ne doit « pas oublier les notions de plaisir, bonheur et partage, qui doivent être les moteurs du chant en groupe. » Au début de chaque séance, la prise de contact est primordiale. « Ce face-à-face sensoriel permet de se rendre compte si telle personne a des besoins particuliers. Je peux décrypter qui rencontre un problème : mal dormi, désorientation, besoin de proximité, de se livrer… et face à ce besoin de la personne d’être rassurée, j’accompagne du regard, de la voix ou du toucher. » Dans un second temps, la stimulation des sens marque le début de l’atelier. « On est debout, on respire, on souffle, on émet des sons et on donne du volume à la voix. Le travail ne se limite pas à la musique et aux sons, mais intègre le corps avec sa posture. On chauffe ensuite sa voix avec des voyelles articulées et coordonnées par des gestes. Les exercices intègrent un travail sur le rythme du corps, debout avec des frappes de pieds, pour un meilleur ancrage au sol. » La séance avance par étapes successives, « afin d’éviter l’échec avec de petits jeux vocaux et autres vocalises pour réveiller la caisse de résonance. C’est ce que j’appelle une mise en bouche indispensable pour une bonne adhésion », explique la musicothérapeute. La fin de la séance s’annonce par « un moment de plaisir, comme une récompense après l’effort. » Dans cet instant de détente, l’écoute musicale est appropriée afin de partager ses impressions. La verbalisation est un moment précieux où chacun va pouvoir s’exprimer dans un climat de confiance.
Doc’Alzheimer, avril-juin 2014.