Mortalité : espérance de survie à domicile (1)
Échos d'ailleurs
Quelle est l’espérance de survie des personnes atteintes de démence vivant à domicile ? La réponse n’est pas simple, et dépend de plusieurs facteurs indépendants.
Dans le cadre de la cohorte du groupe de recherche épidémiologique sur la démence 10/66 d’Alzheimer’s Disease International, coordonné par le Professeur Martin Prince du King’s College de Londres, une étude sur deux mille trois cents personnes âgées vivant à domicile et suivies pendant cinq ans, menée par l’équipe du Professeur Yueqin Huang de l’Institut de santé mentale de Pékin (Wang Y et al), 66.4% des personnes démentes à l’inclusion sont décédées durant les cinq ans de suivi, contre 37.2% des personnes du groupe témoin. La survie médiane des personnes atteintes de démence est de 4.2 ans. La survie dépend de plusieurs facteurs indépendants : la sévérité de la démence (le stade sévère est associé à une mortalité 8.7 fois plus élevée que le stade léger), une perte d’autonomie importante (risque multiplié par 5.5), une co-morbidité (risque multiplié par 4.1) et l’âge (risque multiplié par 1.08). A partir de ces facteurs prédictifs, les chercheurs ont développé un index pronostique pour stratifier le risque de mortalité en trois groupes : risque faible (survie médiane 5.2 ans), risque moyen (survie médiane 4.4 ans) ; risque élevé (survie médiane 1.5 ans). Cette méthode, qui doit être validée, permet de prédire l’espérance de vie des personnes vivant à domicile).
Au Royaume-Uni, le Medical Research Council britannique a mené une enquête portant sur vingt-deux mille cinq cents patients suivis par trois cent cinquante médecins généralistes (Rait G et al). Si la survie médiane pour les personnes atteintes de démence âgées de soixante à soixante-neuf ans est de 6.7 ans, elle tombe à 1.9 an à partir de l’âge de quatre-vingt-dix ans. Une détection précoce permettrait d’allonger la survie médiane, soulignent les auteurs. Le risque de mortalité est plus élevé la première année après le diagnostic. Ceci peut refléter des diagnostics posés lors d’épisodes de crise ou tardivement lors de la progression de la maladie. L’incidence de la démence enregistrée par les médecins reste stable au cours du temps (3-4/1000 personnes années à risque). L’incidence est plus élevée chez les femmes et chez les personnes entre soixante et soixante-dix-neuf ans, habitant dans des quartiers défavorisés.
Rait G et al. Survival of people with clinical diagnosis of dementia in primary care: cohort study. Br Med J, 5 août 2010. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20688840. Wang Y et al. A five-year community-based longitudinal survival study of dementia in Beijing, China: a 10/66 Dementia Research Group population-based study. Int Psychogeriatr 2010; 22(5):761-8. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20522280. Août 2010.