Mésusage des antipsychotiques : le reflet d’un système (1)

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Date de rédaction :
16 avril 2011

Dans un rapport remis au ministre de la Santé britannique, le professeur Sube Banerjee, du King’s College de Londres, et l’un des concepteurs du plan Alzheimer anglais, explique : « des médicaments antipsychotiques sont utilisés pour gérer les symptômes psychologiques et comportementaux de la démence. Le développement de ces symptômes est une partie fondamentale du syndrome de démence. Ces symptômes peuvent être la source de difficultés majeures pour les personnes atteintes de démence et leurs aidants, et constituent un objectif légitime d’intervention pour diminuer la souffrance psychologique (distress) des aidants et la mise en danger (harm) et améliorer la qualité de vie. Cependant, l’évaluation et la gestion de ces comportements associés à la démence peuvent être difficiles. Les systèmes de soins et d’accompagnement de la démence se sont développés au gré du hasard (by chance) plutôt que par une planification ou une contractualisation active, et il existe de nombreuses lacunes tant en termes de dispositifs que de compétences. Si certaines personnes malades bénéficient d’un accompagnement de haute qualité, pour une grande majorité d’entre elles la réponse est essentiellement basée sur l’administration d’antipsychotiques. Des recommandations de bonnes pratiques existent, mais semblent ne pas être suivies en pratique clinique courante ». Les bénéfices potentiels des antipsychotiques s’effacent devant les risques qu’ils font courir. On estime que 180 000 personnes atteintes de démence par an reçoivent des antipsychotiques au Royaume-Uni. Des bénéfices ne sont observés que dans 20% des cas. Les effets négatifs directement attribuables aux antipsychotiques concernent 1 620 accidents vasculaires cérébraux (dont la moitié sont graves) et 1 800 décès par an au Royaume-Uni.