Médicaments spécifiques : qui portera plainte ? Que fait la presse ?

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Date de rédaction :
15 janvier 2013

Christian Lehmann, médecin généraliste et écrivain, relance sur son blog la polémique sur l’efficacité des médicaments spécifiques de la maladie d’Alzheimer, en interpellant les journalistes sur « le prochain scandale à venir » concernant des « médicaments inutiles, inefficaces, faisant vivre un secteur entier de la médecine dans lequel trop peu de soignants imaginent se passer de prescription médicamenteuse, quand bien même depuis des années il est avéré que ces médicaments, qui ne ralentissent pas la progression de la maladie, qui ne retardent pas l’entrée en établissement, dont les effets positifs, s’ils existent, sont modestes et transitoires, exposent les patients à de graves troubles du rythme cardiaque ». Pour Christian Lehmann, « les preuves sont là », comme en témoigne la réduction par la Haute autorité de santé (HAS) de leur service médical rendu. Selon lui, « ces médicaments devraient être retirés du commerce, si les habituelles voies de l’omerta médicale, les liens d’intérêts d’experts refusant de se déjuger, la tendance habituelle à préférer la lente diminution de prescription sans faire de vague au retrait pur et simple, décision politique courageuse de santé publique, ne contribuaient à leur survie ». À un âge avancé, on ne porte pas plainte. « À cet âge-là, les familles, déboussolées, épuisées, se rangeront aux explications qu’on leur donnera : “Elle avait bien vécu. À cet âge-là, ce sont des choses qui arrivent. ” Etc. etc. Mais moi je sais. Mes collègues, à la Revue Prescrire, au Formindep (association « pour une formation et une information médicales indépendantes de tout autre intérêt que celui de la santé des personnes »), savent. Que vous faut-il, messieurs et mesdames les journalistes, pour faire votre boulot, simplement ? Plutôt que de reproduire les dépêches AFP (Agence France Presse) sur le dernier discours du directeur de l’ANSM (Agence nationale de la sécurité du médicament et des produits de santé), ou de la ministre de la Santé, que vous faut-il pour agir ? », fustige-t-il.