Médicaments spécifiques : quels effets d’une prescription trop précoce ou hors indications ?

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Date de rédaction :
01 mars 2011

Une étude multicentrique, menée dans cinquante-neuf centres investigateurs du réseau ADNI (Alzheimer’s Disease Neuroimaging Initiative) sur une cohorte de quatre cent deux personnes atteintes de déficit cognitif léger (84.6%) ou de maladie d’Alzheimer (11.4%), montre que les personnes au stade du déficit cognitif léger sous traitement anticholinestérasique, avec ou sans mémantine, présentaient de moins bonnes performances cognitives (mesurées par les tests ADAS-Cog, CDR et FAQ) à leur entrée dans l’étude que les personnes atteintes de déficit cognitif léger ne recevant pas de traitement. Après deux ans de suivi, leurs performances cognitives se sont détériorées de façon significativement plus importante et leur déclin a été plus rapide que chez les personnes atteintes de déficit cognitif léger ne recevant pas de traitement. Les personnes traitées par une bithérapie associant un anticholinestérasique et la mémantine (bithérapie non autorisée par la Food and Drug Administration) sont sous traitement plus longtemps, présentent davantage d’incapacités fonctionnelles et un déclin plus important mesuré par les tests MMSE et CDR, mais pas par les tests ADAS-cog ou FAQ. Pour le réseau ADNI, les médecins prescrivent fréquemment les médicaments spécifiques trop tôt par rapport aux indications autorisées (44% des patients de l’étude au stade du déficit cognitif léger ont reçu un anticholinestérasique et 11% de la mémantine), et l’usage de ces médicaments, associé à un déclin cognitif, peut affecter les résultats des essais cliniques.

La Lettre mensuelle de l’année gérontologique. Recherche et pratique clinique. Février 2011. Schneider LS et al. Treatment with cholinesterase inhibitors and memantine of patients in the Alzheimer’s Disease Neuroimaging Initiative. Arch Neurol 2011 ; 68(1) : 58-66. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21220675.