Médicaments spécifiques de la maladie d’Alzheimer : vers un déremboursement ? (2)
Droit des personnes malades
« En 2011, la commission de la Transparence avait déjà pointé l’efficacité limitée de ces médicaments, mais maintenu alors leur remboursement en notant que leur prescription préservait le lien thérapeutique avec le patient. Où est le changement ? », s’interroge Eric Favereau. « Le ministre de la Santé et le gouvernement redoutaient-ils alors les possibles conséquences d’une telle mesure dans l’entourage des malades et dans l’opinion publique ? La gauche au pouvoir n’a rien modifié à cette incohérence », fustige Jean-Yves Nau. « Nous avons porté un regard plus rigoureux sur ces médicaments », répond le Pr Saint-Jean. « Et surtout, un des éléments nouveaux est qu’aujourd’hui nous avons des aides non pharmacologiques. Nous disposons d’une autre prise en charge crédible. Je rappelle aussi qu’en 2011 le vote au sein de la commission avait été très serré, à une voix près. Quant à l’argument qui était de maintenir ces médicaments car ils maintenaient un lien thérapeutique avec le patient, cela renvoie à une approche archaïque. C’est de la médecine à l’ancienne. De plus, il n’a jamais été montré que ces médicaments apportaient le moindre bénéfice dans la vraie vie des patients. Pire, une vaste étude [à Montpellier, Bordeaux, Dijon] qui a suivi plus de dix mille personnes en France, montre des résultats déroutants. Certes, il y a des biais méthodologiques, mais les personnes qui sont passées par les consultations mémoire et qui ont reçu des médicaments ont un plus mauvais pronostic et vont plus souvent que les autres en EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). »