Médicaments en développement : où en est-on ?
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« Jusqu’à présent, les efforts pour mettre au point un médicament capable de modifier le cours de la maladie d’Alzheimer ont été vains », écrit Catherine Ducruet, des Echos. « Mais qu’est-ce qui motive de nouveaux espoirs chez les industriels, alors qu’on ne comprend toujours pas bien les mécanismes à l’origine de la maladie ? », s’interroge la journaliste. Mathieu Ceccaldi, chef du service de neurologie du CHU La Timone à Marseille, explique : « le diagnostic de la maladie s’est affiné avec les progrès de l’imagerie et l’identification de premiers biomarqueurs qui viennent compléter les signes cliniques, trop peu spécifiques à eux seuls. » On peut donc mieux sélectionner les patients inclus dans les essais. De plus, « dans de nombreuses études cliniques qui ont échoué, on avait cependant observé une certaine efficacité chez des sous-groupes de patients à des stades plus précoces de la maladie. » D’où l’idée que « pour espérer un effet, il faut sans doute traiter les patients avant que les dégâts sur les neurones soient trop importants et irréversibles. » Une vingtaine de molécules sont en développement de phase III (essais à grande échelle chez l’homme). Le solanezumab (Lilly) a bénéficié d’une seconde chance sur la base d’un recrutement beaucoup plus discriminant des patients inclus dans l’essai. Les résultats sont attendus fin 2016. Cette molécule, tout comme celle de Biogen, pour laquelle deux études de phase III ont été lancées récemment, continue à explorer la piste de la destruction de la plaque amyloïde, des agrégats de protéines qui s’accumulent entre les neurones déjà ciblés sans succès. Leur rôle dans la maladie d’Alzheimer n’est toujours pas complètement élucidé. La principale autre piste suivie s’intéresse à une enzyme impliquée dans la formation de la plaque amyloïde. Les résultats de plusieurs études cliniques de phase III sont attendus en 2017, notamment celles portées par les laboratoires Lilly, associés à AstraZeneca, et par Merck. D’autres molécules, non spécifiques de la maladie d’Alzheimer, tentent d’agir sur la composante inflammatoire, ou s’attaquent aux symptômes en agissant sur différents neurotransmetteurs comme la dopamine ou la sérotonine. « Autant d’espoirs pour les années à venir. Mais, pour les malades actuels, c’est très difficile », rappelle le neurologue de La Timone, car il n’y a rien. »